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dimanche 10 juin 2018

Editorial 756


Chaque rendez-vous vital pour notre pays a été allègrement raté par notre élite politique. C’est ce qui fait que nous avons l’impression de jouer en dehors des temps impartis aux matchs que nous livrons et aux aires de jeu qui leur sont consacrées. 
En 1992 et en 2003, la démission de l’élite a profité aux forces centrifuges – tribus, groupuscules politiques chauvins, groupes politico-affairistes…- qui allaient cueillir le fruit de l’engagement contre la dictature de l’époque, et faire main basse sur le pouvoir.
En 2005, le rendez-vous de la rupture totale est raté. Parce que l’élite s’est enfermée dans la perspective de la conquête immédiate du pouvoir. Sans penser que cela a un coût. Que cela demande un sacrifice.
En refusant de faire alliance avec les plus jeunes des officiers de la junte, les vrais auteurs du changement, l’élite a compromis la proposition de rupture faite par eux. Quand ils ont mis en œuvre une transition courte avec la promesse de se tenir en dehors du jeu électoral, d’assainir l’administration et les finances, de libérer le politique du joug de l’administrateur…
L’élite a poussé vers la création des Indépendants, puis vers l’interférence des militaires, puis vers le vote blanc à la présidentielle de 2007...
On a perdu cette occasion d’asseoir définitivement une démocratie inclusive et une société progressiste.
En 2007 puis en 2009, même refus de l’élite de prendre l’initiative et de proposer. Plus grave, elle a été incapable d’accompagner, préférant encore une fois tergiverser en attendant la suite des évènements.
Même refus de voir dans les dialogues ouverts, une opportunité de faire avancer les choses, de parfaire les outils de la démocratie et de donner un contenu au projet de refondations d’une Mauritanie nouvelle.
Quand on refuse le renouveau et qu’on n’a pas de proposition alternative, on subit facilement. C’est ce qui est arrivé.
Depuis la dernière tentative d’établir un dialogue, même secret, la classe politique, et particulièrement l’opposition est tétanisée. On entrevoit difficilement de perspective pour elle. D’ailleurs, elle continue à hésiter. Même si, les formations déclarent ici et là qu’elles participent finalement à des élections dont elles ont toujours refusé le processus et les outils.
Une capitulation dont l’opposition traditionnelle se relève difficilement. Alors ?
Comme hier, ce qui est demandé aux acteurs politiques, c’est d’anticiper. A quelques semaines des élections Législatives, municipales et régionales, que faut-il envisager ?
D’abord élaborer des programmes nouveaux rompant avec les discours peu porteurs d’hier. Le moment n’est plus à désespérer les Mauritaniens de leur situation. Le moment est venu de leur donner un espoir.
Partir d’une réalité plutôt heureuse pour fonder une espérance neuve. La stabilité gagnée par la force d’une politique efficace et indépendante est à louer et à préserver. Oui. Notre pays a mené la bataille qu’il faut pour sécuriser son territoire et rassurer sa population et ses voisins que la menace ne viendra pas d’ici.
Dans quelques jours nous recevrons ici les Chefs d’Etats africains comme nous avons reçu les Arabes l’année dernière. Deux moments fondateurs pour rappeler les ancrages arabe et africain d’un pays qui avait perdu le nord pour devenir l’orphelin géopolitique qu’il fut pendant une trentaine d’années.
On parle de gaz et de pétrole. La Mauritanie est déjà riche par son fer, son poisson, son or… Mais elle sera encore plus riche par l’image qu’elle s’apprête à donner quand, en 2019, elle donnera l’exemple d’une alternance pacifique du pouvoir. Peu importe le choix, il conviendra parce qu’il rassurera nécessairement sur la préservation des acquis en matière de sécurité et de stabilité. Pour cela, ce sera un projet consensuel qu’il faut renforcer dès à présent.
2018 doit être l’année du renouveau des discours. Elle doit obliger les projets politiques et sociaux à éclore. Préparer un contrat social entre les Mauritaniens, un contrat de gouvernance entre les Mauritaniens et leurs gouvernants, un contrat politique entre les Mauritaniens et leur élite.
Demain se prépare dès maintenant. La bataille de la Modernité s’engage. Elle doit sonner le glas de toutes les régressions.
L’UPR est plongé dans la préparation de son congrès. Les partis d’opposition sont encore en quête de voie. Pendant ce temps, on avance inexorablement vers des rendez-vous que nous avons mal préparés. Des rendez-vous pleins de promesses de lendemains heureux… 


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