Il
s’appelle Seif Kousmate. Il est franco-marocain. Pour Reporters sans Frontières
(RSF), il s’agit d’un «journaliste photographe» qui aurait subi de mauvais
traitements en Mauritanie avant d’être expulsé. Pour les Mauritaniens, il
s’agit d’un marocain entré «clandestinement» au pays pour s’y adonner à un
travail qu’il a fini par effectuer dans le noir.
En
situation «normale», on n’aurait pas hésité à lui reprocher la méthode, celle
de venir faire un reportage dans un pays sur une question au centre de grandes
controverses, sans prendre la précaution de faire les démarches prévues pour
s’assurer de travailler en toute légalité. Mais…
La
même semaine, je recevais ici des amis dont une photographe qui voulait prendre
des images de la vie économique, culturelle et sociale en Mauritanie. Il
s’agissait pour nous de rassembler des images d’une Mauritanie qui marche et
qui avance en vue d’alimenter un site en préparation. Tout cela a été expliqué
dans une lettre adressée au ministère des relations avec le Parlement et la
Société civile.
Une
semaine d’attente, puis deux jours, puis… on nous expliqua qu’il fallait avoir
le visa de quelque part… ailleurs… parfois avec le geste pour comprendre qu’il
s’agit de la Présidence et souvent pour comprendre qu’il s’agit plutôt du
Premier ministère. Mais quelque soit l’Autorité qui fait ombrage à l’exercice
d’une profession déjà en proie à de nombreuses difficultés, des remarques
s’imposent.
Vue
de l’extérieur, la Mauritanie est un pays qui donne une idée de la Géhenne.
Terre d’esclavage, son peuple croupit sous une dictature violente. Le pays est
sous l’emprise des trafiquants de drogue et d’arme, s’il n’est pas la terre de
refuge des terroristes jihadistes. Passage obligatoire de l’immigration
clandestine, la Mauritanie reste la patrie de l’exploitation de l’homme par
l’homme.
Pas
de liberté d’expression. Pas de liberté d’association. Pas de liberté de culte.
Pas de liberté individuelle encore moins collective.
Le
racisme comme pratique institutionnelle et comme doctrine sociale. La
prostitution comme religion. Le vandalisme comme méthode de gouvernement.
Les
sites d’informations, les acteurs politiques mécontents, les opérateurs
économiques insatisfaits… tous participent consciemment ou inconsciemment à
fabriquer une telle image.
Et
quand il y a une volonté qui se manifeste quelque part pour essayer de
renverser l’image au moins de l’atténuer, c’est le gouvernement qui la
torpille.
Refuser
à un journaliste d’avoir les accréditations nécessaires pour mener son travail
en toute légalité, c’est faire preuve de bêtise incommensurable. Et ouvrir la
voie aux excès et au travail clandestin.
Du
coup, le gouvernement confirme ainsi sa volonté d’en découdre avec les espaces
de liberté, de remettre en cause ses engagements et, de fait, de prendre les
airs d’une dictature. Parce qu’un(e) ministre et/ou un Premier ministre ne
respecte pas les institutions, parce qu’il profite de sa position pour régler
des comptes, pour faire mal à ceux qu’il a décidé de traiter en ennemis, c’est
tout un système qui se retrouve dans la ligne de mire des défenseurs de droits.
Ce
gouvernement aurait dû déployer ses efforts en vue de donner la meilleure image
du pays, de son système politique et de son président. Mais non. Il est occupé
à se battre pour confirmer ce que les excès d’opposition ont construit ces
dernières années.
Après
avoir échoué à accompagner la vision de son chef, après avoir saboté le
processus de refondation par les choix incongrus, après avoir ridiculisé le
processus référendaire, après avoir occupé l’espace public par les guerres
claniques… ce gouvernement s’ingénue à donner la plus mauvaise image qui puisse
être de la Mauritanie…
Nous
nous apprêtons à vivre le plus positif de nos tournants, celui d’une alternance
au sommet de l’Etat.
Le
Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui a sauvé le pays de la banqueroute en
2005, qui a redressé la barre en août 2008, a refusé de céder à la tentation de
remettre en cause la limitation des mandats. De lui-même.
Et
contre la volonté affichée de ses «faux amis» et de ses vrais ennemis.
«Dieu,
gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge». Jamais une telle affirmation
n’a été aussi pertinente. Rien n’est plus préjudiciable au Président Ould Abdel
Aziz que son gouvernement actuel.
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