«Abas l’impérialisme», «Abas le néocolonialisme», c’est
par ces leitmotivs que l’ancien président tchadien, Hissène Habré a défié la
Cour de Dakar qui le jugeait pour «crimes contre l’Humanité». Oubliant la
solennité du moment, continuant jusqu’au bout à se moquer de son peuple qu’il a
asservi pendant plusieurs années.
Auteur du coup d’Etat contre Goukouni Oueddei, il devient Président
du Tchad le 7 juin 1982 et reste à la tête du pays jusqu’en décembre 1990. Il est
alors chassé du pouvoir par la rébellion dirigée par Idriss Debby, l’actuel
Président.
Les années de règne de Hissène Habré sont marquées par une
répression violente et aveugle qui a touché quasiment l’ensemble des communautés
tchadiennes. On chiffre à près de 40.000 les victimes de son régime. Il est
aussi responsable de l’enlèvement de l’ethnologue française Françoise Claustre
et de l’exécution du commandant Galopin, envoyé comme négociateur par la France
au milieu des années 70. Ce qui n’en fait pas pour autant un ennemi de l’Occident,
pas même «un soutien du terrorisme».
Quand il est mis en danger par la rébellion du Nord, fortement
appuyés par la Libye, c’est la France et les Etats-Unis qui viennent à son
secours. Il est cependant chassé le 1er décembre 1990 du pouvoir. C’est
au cours des dernières années de son règne que les crimes les plus odieux sont
commis. Près de 300 exécutions sommaires pendant ses derniers jours.
Ce sont aujourd’hui les victimes ou ayant-droits de victimes qui le
poursuivent au nom de l’imprescriptibilité des crimes dont il est accusé (crime
contre l’Humanité, crimes de guerre et actes de tortures). On raconte qu’il
prenait plaisir à infliger lui-même les tortures les plus insupportables à ses
ennemis.
Dans une ultime tentative de manipulation de l’opinion publique,
Hissène Habré se présente comme victime de la raison du plus fort (l’Occident,
ancien colonisateur). Comme à l’ancienne, il évoque le danger venu d’ailleurs
pour justifier ses crimes, aujourd’hui pour refuser d’être jugé. Une logique de
dictateur…
Dans les pays arabes, c’est le danger que représente Israël qui a
été (qui est toujours) le prétexte pour imposer aux peuples la loi du silence,
pour justifier le sac des ressources, la répression, le manque de libertés, le
refus de la démocratie.
Dans les pays africains, c’est souvent la peur de l’Autre – groupe ethnique
principalement – qui a été l’inspirateur des dictatures les plus abjectes. Une culture
qui a été facteur déterminant dans les guerres civiles qui ont ravagé le
continent.
Partout aujourd’hui, c’est la lutte contre le
terrorisme qui sert de prétexte pour éviter la démocratie et pour limiter les
libertés. Et aussi pour permettre de pomper impunément les ressources et dans
le flou le plus absolu.
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