Solennelle,
la signature l’accord de paix entre le gouvernement malien et les rebelles du
Nord. La présence de la supervision de la communauté internationale
empêchera-t-elle cet accord de finir comme les précédents ?
Tous
les cycles de rébellion dans le Nord malien ont fini par des cessez-le-feu puis
des accords politiques qu’on croyait à même de stabiliser le Mali et la région
du Sahel qui ne peut que souffrir de l’instabilité de ce pays charnière.
Avec
toujours le même souci de répondre à quelques-unes des exigences des groupes
rebelles dans le but de satisfaire les exigences qu’on reconnait légitimes en
général. Experts et diplomates sont à chaque fois appelés à la rescousse pour
éteindre le feu en essayant de répondre à une partie des problématiques. Aujourd’hui,
l’accord paraphé à Alger par l’ensemble des acteurs mais signé à Bamako par
seulement une partie d’entre eux (sans les rebelles de la Coordination des
mouvements de l’Azawad), reconnait deux choses essentielles :
l’intangibilité des frontières du Mali et la nécessité de reconnaitre des
droits aux populations des régions du Septentrional malien.
La
reconnaissance solennelle de ces deux principes permet tout si toutes les
parties se rendent à l’évidence. Du côté de la rébellion il est temps de savoir
qu’aucun pays au monde et surtout pas dans l’environnement du Mali n’acceptera
de revenir sur le principe de l’intangibilité des frontières. Reconnaitre aux
Touaregs ou aux Arabes (Maures), ou encore aux Peulhs du Nord du Mali une once
de souveraineté, c’est mettre en péril les fragiles équilibres qui existent
dans les pays voisins et du coup risquer de bouleverser les cartes et les
frontières. Qui peut le permettre ?
Du
côté du pouvoir central malien, le temps d’engager un processus profond de
réconciliation nationale, ce temps est arrivé. Pour ce faire il va falloir
arrêter avec les approches politiciennes adoptées jusque-là. La recherche
constante à instrumentaliser les groupes du Nord, soit pour calmer une
situation, soit pour la provoquer, soit pour diriger les groupes les uns contre
les autres.
L’expérience
catastrophique de la gestion de ce dossier sous l’ère Amadou Toumani Touré doit
servir aux dirigeants actuels. Voilà un Président – un pouvoir – qui a laissé
faire dans une partie de son territoire. Allant jusqu’à jouer le jeu des
trafiquants et des terroristes. Leur servant de protecteur, parfois de
receleur, de conseiller, de soutien et toujours d’intermédiaire. C’est bien
cette politique catastrophique qui a fait du Mali un sanctuaire des groupes
terroristes de la zoné sahélo-saharienne (mais maghrébine). Ce n’est pas par
hasard si tous les combattants d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) ont fini
par faire du Nord malien un Jihdistan accueillant ceux de Boko Haram et autres
groupes jihadistes de Libye. C’est bien le choix d’un gouvernement qui a fait
de cette région une zone de non-droit. Première exigence pour le Mali :
recouvrer l’entière souveraineté sur l’ensemble de ces régions.
Parce
qu’elles sont encore infestées par les groupes jihadistes, il est juste que le
Mali bénéficie d’un soutien actif et réel des pays engagés dans la guerre
contre le terrorisme. Mais très tôt, l’Armée malienne doit pouvoir par
elle-même imposer son autorité partout sur le territoire malien. Une manière
pour elle de faire oublier les revers de la dernière décennie.
Deuxième
défi pour le gouvernement d’Ibrahim Boubacar Keita : rétablir la confiance
entre le gouvernement central et les populations locales. Il s’agit d’aller
au-delà des représentants de circonstance pour parler à ces populations, pour
interpeller en elle la soif naturelle pour le bien-être et la sécurité et leur
démontrer sur le terrain que l’Etat malien est désormais engagé à leurs côtés
pour leur assurer justement paix et bien-être.
Troisième
défi : mettre en confiance et en synergie les peuples et Etats voisins du
Mali. Aucun des pays du champ ne peut être tranquille en sachant que le danger
est encore là. Les menaces d’instabilité sont venues du Mali, que ce soit en
Algérie, en Mauritanie, au Niger, au Sénégal, en Guinée ou… ou… Le Mali a
constitué – constitue encore – une source d’inquiétudes pour ses voisins. Le
besoin de le voir saisir l’opportunité de cette sympathie internationale
largement exprimée lors de la cérémonie de signature des accords, ce besoin est
très fort. C’est à la diplomatie malienne d’éviter les incompréhensions avec
les voisins et les querelles inutiles.
Pour sa part la communauté internationale, toute la
communauté internationale, doit cesser d’encourager les rébellions. Si les gens
du Nord ne comprennent pas le message, il va falloir le leur faire comprendre
par la fermeté vis-à-vis de leurs velléités répétées de travailler pour la
partition du Mali. Aucun prétexte ne peut justifier cette partition.
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