Qui
parmi les protagonistes politiques veut nous tromper ? qui d’entre eux
cherche à tromper l’autre ? pourquoi d’ailleurs ce jeu à
qui-est-le-plus-doué-pour-tromper ?
Il
y a quelques semaines, le Premier ministre actuel remettait au Secrétaire
permanent du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU), une note qui
reprenait ce qui pouvait être, aux yeux de la Majorité, l’ensemble des points
devant être discutés entre les protagonistes politiques.
Le
FNDU a alors lancé un débat intérieur au cours duquel deux tendances se sont
affrontés dans un premier temps : celle qui voulait aller rapidement dans
la logique du dialogue et celle qui entendait le refuser sans le dire
officiellement, en posant des conditions préalables difficiles voire
impossibles à satisfaire dans l’immédiat. Après une dizaine de jours d’intenses
confrontations, parfois rendues publiques sur internet par militants interposés,
les composantes du FNDU sont arrivées à une sorte de compromis qu’elles ont
formulé dans une feuille de route où il est plus question de dicter la volonté
du regroupement que de présenter un document qui peut faire l’objet d’un
accord.
La
proposition du FNDU, largement publiée par la presse dès son élaboration,
comportait un schéma qui se déroulait sur trois phases : la première
englobe les conditions exigibles du gouvernement pour donner le gage de sa
bonne volonté, la deuxième énumérait une batterie de mesures à prendre par le
gouvernement pour susciter la confiance, la dernière phase consistant à lancer
le processus de dialogue autour des questions politiques essentielles.
Le
voyage du Président de la République à l’intérieur a retardé la remise du
document à la délégation de la Majorité dirigée par le Ministre secrétaire
général de la Présidence, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Rendez-vous ne sera
pris que jeudi dernier (2/4).
La
mission du FNDU dirigée par Me Mahfoud Ould Bettah, président du pôle
politique, devait juste remettre le document sans discuter de quoi que ce soit
dans un premier temps. Visiblement – ou selon ce qui a été fuité par les
milieux plus ou moins officiels du FNDU – la mission n’avait d’autre mandat que
celui de la remise du document.
En
face, la Majorité décida de rabattre son niveau de représentation. Ce n’est
plus la délégation dirigé par le Ministre secrétaire général de la Présidence
et comprenant le président de l’Union pour la République (UPR) qui va à la
rencontre de la délégation du FNDU, mais des une autre composition de moindre
importance protocolaire. Prétextes suggérés : ce n’est pas le président du
FNDU qui vient et la délégation n’a aucune prérogative pour entamer les
discussions.
Réaction
du FNDU, la délégation n’ira pas au Palais des Congrès pour rencontrer celle de
la Majorité. Deux informations divergentes arrivent du FNDU : la première
explique que parce que la Majorité a décidé de minorer sa représentation, il n’est
pas question d’aller à sa rencontre avec la même délégation ; la deuxième
information nous apprend qu’il s’agit juste d’un rendez-vous reporté sine
die pour des raisons objectives.
Si
l’on prend en compte la première explication, force est de conclure à un
blocage sérieux qui pourrait compromettre la suite des évènements. Si c’est la
deuxième information qui est exacte, on espère à une reprise bientôt d’un
processus qui n’a pas encore commencé. Les deux explications émanent de voix
autorisées du FNDU (du chef du pôle politique et du secrétaire permanent). Alors ?
On
en est là. Ce au moment où une troisième voix, celle du Président Messaoud Ould
Boulkheir, vient rappeler que le dialogue ne peut être sans la Coalition pour
une alternance pacifique (CAP), le pôle qu’il compose avec Wiam de Boydiel Ould
Hoummoid et Abdessalam Ould Horma de Sawab. En réalité, le processus envisgé
devait être à trois pôles : celui de la Majorité, celui du FNDU et celui
de la CAP. Un peu une reprise du schéma de Dakar qui avait vu la Majorité discuter
avec le Front national de défense de la démocratie (FNDD) et le Rassemblement
des forces démocratiques (RFD) qui s’était taillé une place de pôle à part à
lui seul.
On
oublie souvent qu’à l’époque, le rapport de force était autre : le pouvoir
issu du coup d’Etat du 6 août 2008 faisait face à une hostilité réelle de la
part de la communauté internationale, il manquait de légitimité, et les acteurs
politiques étaient déterminés à en finir. L’accord trouvé comportait aux yeux
de ses artisans opposants – ou d’une partie d’entre eux (FNDD) pour être précis
– les germes de son autodestruction. La date du 18 juillet comme jour d’élection
ne pouvait être matériellement respectée. C’est ce qui explique les hésitations
qui ont suivi et qui avaient pour objectif de trainer jusqu’à arriver au-delà
des délais incompressibles. Quand on rappelle aujourd’hui le fameux décret de
convocation du collège électoral pour en souligner le caractère frauduleux,
on occulte volontairement que la date du 18 est spécifiée dans l’accord et qu’elle
ne devait être changé sous aucun prétexte. On a cru tromper… on s’est trompé…
ce qui arrive dans ce pays à tous ceux qui croient tromper...
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