Le
Président Mohamed Ould Abdel Aziz s’en est allé à Néma, capitale du Hodh
oriental, dans une longue visite qui va le mener dans tous les chefs-lieux
d’arrondissements et de départements de la Wilaya, avant d’aller faire de même
au Hodh occidental.
«On»
a beaucoup péroré sur cette visite. Il y a ceux qui ont voulu y voir une
opportunité pour le Président de faire campagne pour une réforme de la
Constitution en vue de fausser les règles du jeu. Il y a ceux qui ont cherché
quelques calculs politiciens derrière la visite. Tous ont essayé toutes les
rumeurs, toutes les raisons, même les plus saugrenues comme ce projet de renforcer
le pouvoir parlementaire pour permettre au Président de devenir un Premier
ministre avec de larges pouvoirs. Ridicule tentatives de cacher le motif
réel qui est celui du profond désarroi de la classe politique incapable de penser
l’avenir, de formuler des propositions alternatives, d’y faire adhérer le
maximum de gens et de peser ainsi sur le cours des événements. Une attitude qui
n’est pas nouvelle et qui n’est pas près de disparaitre.
Le
Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) a finalement élaboré un
document qu’il entend remettre au ministre secrétaire général de la présidence
dès son retour de voyage. Le document qui a été l’objet de plusieurs séances de
discussions, s’articule autour de trois moments.
Un
moment où le Pouvoir est invité à donner des gages de bonne volonté en adoptant
une dizaine de points dont le statut du Bataillon de la sécurité
présidentielle, la déclaration de patrimoine du Président, la neutralité de l’administration,
la baisse des prix… tous les préalables connus et plusieurs fois
soulevés par l’Opposition.
Si
le pouvoir accepte, on passera à la deuxième étape qui comporte l’application d’un
autre lot de préalables. Parce qu’il s’agit ici pour l’Opposition d’amener
le Pouvoir à se plier à sa volonté comme si le rapport de force dictait cela. En
faisant plier le Pouvoir, l’Opposition l’aura affaibli et contribué ainsi à le
déstabiliser. On veut avoir par la ruse – ou la manœuvre – ce qu’on
n’a pas eu par l’action. On croit tromper et c’est une tactique suivie par les
acteurs politiques dont la première tendance est toujours de dénier au
vis-à-vis toute intelligence, toute capacité de discernement.
Jusqu’à
la fin de son règne qui aura duré quand même 21 ans, Moawiya Ould Taya a été
perçu comme un idiot, un diminué, et même un fou. On s’est
gaussé de l’homme et on l’a même cru malade, condamné tantôt par une tumeur de
la prostate tantôt par une cirrhose. Les rumeurs ont commencé à faire partie
des déterminants politiques à partir de 1992. C’est seulement treize ans après
que l’homme a quitté le pouvoir.
Ce
même penchant à l’instrumentalisation excessive de la rumeur et de l’intoxication
finit aujourd’hui par parasiter les positionnements des acteurs. Une auto-intoxication
des appareils politiques qui finissent par fonder leurs analyses et leurs
positionnements sur des rumeurs qu’ils ont eux-mêmes créées. En pensant tromper
le vis-à-vis et l’opinion publique alors qu’on ne trompe que sa petite
personne.
Tout
le monde veut bien parler du rétablissement de la confiance. Alors que
ce dont nous avons besoin, c’est d’abord de la bonne foi des acteurs. Sans bonne
foi, on ne peut espérer de nouvelles attitudes, de nouveaux rapports à la
politique… sans bonne foi, il n’y a pas de sincérité, et point de confiance.
Tout
indique aujourd’hui, que la contreproposition du FNDU s’apparente plus à un
défi, une provocation, une sorte de fuite en avant devant les responsabilités.
Encore une fois, on refuse d’envisager l’échéance qui
constitue un tournant de la vie politique mauritanienne : 2019. Quoi faire
dans la perspective de cette échéance ? comment faire pour intéresser tous
les acteurs à l’avenir politique : ceux qui, techniquement, ont leur
avenir derrière eux, ceux qui ne voient pas clairement de place pour eux dans
le moyen et le long termes ? comment convaincre tous ceux-là de faire fi
de leurs ambitions personnelles pour travailler en vue de renforcer la
démocratie et l’Etat en Mauritanie ? comment leur expliquer que si l’intérêt
général prime, il n’y a pas de divergences possibles ?
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