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jeudi 24 juillet 2014

Gaza ne les réunira pas

Au début était cette proposition faite par le président de l’Union des forces du progrès (UFP) Mohamed Ould Maouloud lors du dé-jeûner organisé par Tawaçoul la semaine dernière. Ould Maouloud avait alors proposé aux organisations de la société civile d’initier un appel à une marche où se retrouveront toutes les forces politiques mauritaniennes pour soutenir Gaza et dénoncer l’indifférence générale.
L’idée a finalement été retenue par le syndicat des journalistes et l’Ordre national des avocats. Tout semblait bien se présenter jusqu’au jour prévu (mercredi). Ce jour-là, ceux du Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) ont retiré leur soutien à la marche. Sous prétexte que l’Union pour la République (UPR), le parti au pouvoir avait prévu d’étendre ses banderoles marquées de son sceau. Visiblement, le problème n’a été posé qu’à la dernière minute. Le rendez-vous qui devait servir à rapprocher, a subitement contribué à remettre en surface la défiance entre les deux camps.
D’une part le FNDU qui juge que l’UPR a refusé de faire une concession pour permettre à tout le monde d’aller ensemble. Pas question pour lui donc de marcher sous des banderoles frappées du sceau du parti au pouvoir.
D’autre part, l’UPR qui croit qu’une manifestation commune ne doit pas signifier l’acceptation de se fondre dans une masse que «chaque parti essayera de s’approprier». Et de rappeler que toutes les manifestations du FNDU et avant lui de la COD (coordination de l’opposition démocratique) ont vu chaque parti intimer l’ordre à ses militants d’arborer leurs signes distinctifs pour faire la démonstration de sa présence. C’est ainsi que Tawaçoul a frappé un grand coup médiatique lors de la première sortie du FNDU, alors que la deuxième marche a été l’occasion pour le RFD d’étaler ses couleurs. «Il n’y a pas de mal à ce que chacun se distingue par ses slogans et par ses symboles…»
La manifestation a quand même eu lieu sans le FNDU et dépendances. Avec un arrêt final dans l’espace Ibn Abbass (mosquée centrale). Ici les deux représentants des syndicats se sont improvisés des qualités de tribuns politiques pour fustiger les atrocités commises par Israël à Gaza et dans les territoires occupés. Ils ne feront finalement pas l’événement. Car «l’événement» attendu consistait à voir les acteurs, chefs et militants politiques organisés dans des partis et/ou des organisations de la société civile (syndicats et ONG), voir tout ce monde marcher côte à côte pour une cause donnée. Tellement on est désespéré de les voir converger pour une occasion quelconque…
La «révolution» n’aura finalement pas lieu… parce que la «révolution» espérée ici est celle qui consiste à dépasser les défiances, les animosités, les aigreurs personnels… on n’attend plus d’attitude raisonnée, de lectures équilibrées et réalistes des événements… on n’attend plus de prises de position claires et définitives…
Au final, nous avons recueilli d’une vingtaine d’années de luttes dans des cadres légaux (partis, syndicats, ONG…), une série de retournements, de reniements, de tergiversations, de prises de position hasardeuses, d’aventures sans lendemains, de propos excessifs, d’attitudes excessives, de propositions irréalistes…
Ce nouvel échec à se retrouver pour une cause qui doit unir, à pouvoir converger et présenter de soi une image moderne de démocrates, ce nouvel échec est-il la goutte de trop ?