Comme par hasard, au moment où l’Accord de pêche entre
l’Union européenne et la Mauritanie arrive à échéance, le dialogue politique
est engagé entre les deux parties. Une expression sibylline pour désigner le
cadre institutionnel par lequel l’UE impose à un pays ses points de vue sur la
démocratisation, les Droits de l’Homme, la gouvernance… C’est officiellement l’occasion
de passer en revue les avancées réalisées et d’évaluer les retards et
manquements relevés. Bien entendu, c’est l’affaire Birame Ould Dah Ould Abeid
qui a eu droit à la plus grande attention, la partie européenne trouvant ici la
défaillance.
Au même moment d’ailleurs que s’engagent les
discussions à Nouakchott, les regards sont déjà tournés vers Strasbourg où une
commission des Droits de l’Homme doit se prononcer sur le cas mauritanien. Comme
si la Mauritanie n’a pas élaboré, en collaboration avec les Nations Unies, une
feuille de route visant à éradiquer l’esclavage et ses séquelles. Il sera
certainement question d’atteintes aux droits humains et d’injonctions
faites à la Mauritanie.
Ce soudain intérêt pour ces questions et la reprise du
dialogue politique interviennent effectivement à un moment où les Européens
sont attendus sur de nouvelles propositions concernant l’accord de pêche dont l’effectivité
a pris fin hier 15 décembre. Date choisie par les négociateurs européens qui avaient
pensé mettre la pression sur la Mauritanie en remettant en cause les procédures
initiales : de tous temps, la signature de l’Accord et l’échange de
lettres suffisaient à ouvrir la zone de pêche mauritanienne aux partenaires
européens, mais depuis la contestation faite au printemps par ses derniers, il
faut désormais attendre la fin de tout le processus d’approbation (conseil des
ministres, ratification par le Parlement…).
Au dernier round des négociations, la partie
européenne avait proposé de rabaisser le niveau de la compensation à 45 millions
euros au lieu des 67 du dernier Accord. Alors que les Mauritaniens, estimant
offrir aux armateurs européens l’accès à une ressource de qualité et se
trouvant à proximité des marchés européens, croient que rien ne justifie la
remise en cause des termes du dernier Accord considéré comme historique.
En fait cet Accord qui prend ainsi fin répondait à
toutes les exigences du monde d’aujourd’hui. Il était un premier pas vers un
commerce équitable. Il participait aussi à l’effort de préservation de la
ressource parce qu’il prenait en compte les capacités de prise. Mais, last but
not least, il mettait fin à la surexploitation du poulpe qui devenait, par
décision mauritanienne, une exclusivité réservée à l’armement artisanal.
Avec cet Accord, c’était un peu la fin d’un style, d’une
méthodologie et de relations équivoques… Un style, une méthodologie et des
relations qui donnaient fatalement un perdant – la Mauritanie. On a cru un
moment redresser un peu pour approcher d’un point d’équilibre… était-ce trop
espérer du partenaire européen ?
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