Dans son
numéro double 2 & 3 de juillet-décembre 2014, le bulletin de la
Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale
(CAOPA), publie une interview accordée par Roberto Cesari, le négociateur
principal de l’équipe européenne pour les Accords de pêche. Bien sûr le cas de
la Mauritanie y est évoqué.
Le chef de
l’unité Accords bilatéraux et contrôle de l’UE, rappelle que la réforme de la
Politique commune de pêche (PCP) a axé sur la nécessité de «mettre au centre la
soutenabilité, la préservation des ressources et la durabilité et le contrôle
des activités de pêche».
A une
question relative à la Mauritanie, le responsable reconnait : «Pour la
Mauritanie, on a en effet un souci. La première année avait bien commencé, ils
avaient appliqué à la lettre cette obligation de non-discrimination pour une
certaine période pour la flotte russe par exemple. Je rappelle que cette règle
de non-discrimination s’applique aux conditions techniques et
financières : les mêmes conditions que notre accord doivent être
appliquées aux autres accords que la Mauritanie conclut pour le même type de
flotte qui cible les mêmes espèces».
Concernant
les difficultés à renouveler l’Accord de pêche Mauritanie-UE, le négociateur
européenne reconnait qu’il y a «encore beaucoup de choses à régler ; ce ne
sera pas une négociation facile». Avant de préciser : «on est tout à fait
disposé à suivre la ligne politique du Président Aziz réélu pour le secteur de
la pêche mauritanien, c’est-à-dire de se concentrer sur la coopération dans le
secteur de la pêche pour la création d’emplois et de richesses par le biais de
l’accord».
Pour
conclure : «On ne va pas remettre en cause les mesures techniques
fondamentales qu’on avait bien négocié en 2012. Il faut bien sûr que la
clause de non-discrimination soit appliquée et surtout que la transparence soit
garantie».
Ces propos
donnent une autre dimension des difficultés qui freinent les Européens. Il n’y
a pas seulement cette volonté de reculer sur certains acquis au profit de la
Mauritanie, notamment le niveau de la compensation, le paiement de l’effort
effectif de pêche, la nationalisation de la pêche de fonds, l’obligation de
débarquement, le niveau de mauritanisation du personnel embarqué, les quantités
de pélagiques prélevées pour alimenter le marché intérieur mauritanien… Il y a
aussi et surtout cette volonté de faire plier une petit pays qui a enfin pu
traiter, manœuvrer pour tirer le maximum de profits de sa ressource.
Si le souci
de l’Europe est d’instaurer un commerce équitable – accès à une ressource de
qualité et à proximité, en contrepartie d’avantages somme toute raisonnables -,
si la préoccupation de la soutenabilité de l’effort de pêche est réelle, les
négociations doivent reprendre sur la base de conclusions techniques et non de
considérations qui mélangent la politique et les humeurs.
Nous retiendrons que le sens de la solidarité
nationale n’a pas manqué. Même si des voix et des plumes ont essayé de
participer à l’effort de faire fléchir la Mauritanie. L’année 2014 nous
enseigne que les intérêts personnels – des consignataires, armateurs…- et
l’opposition à un pouvoir, opposition qui devient haine, peuvent faire oublier
à certains d’entre nous ce qu’est l’intérêt national.
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