Ce
matin, sur MEDI-1, la radio méditerranéenne, notre compatriote et son film «Timbuktu»
sont célébrés par le chroniqueur du cinéma. Le journaliste rappelle que «la
Mauritanie est toujours dans la course des Oscars grâce à ce film qui en a
ébloui plus qu’un».
Entre
le 9 et le 11 janvier 2015, le Jury de Los Angeles décidera de quels cinq films
étrangers resteront parmi les neuf nominés pour les Oscars. La décision sera
rendue le 15. Toutes les chances donnent Timbuktu parmi les heureux
nominés.
D’abord
la qualité du film, aussi bien sur le plan technique qu’au niveau du récit et
donc du scénario. Le jeu excellent des acteurs et la musique extraordinaire
venant ajouter à cette qualité incontestée.
Ensuite
l’actualité du film qui raconte la vie sous le régime du Jihadistan dans
le Nord du Mali. On vit avec les populations le profond trauma qu’elles ont
subi et qui est merveilleusement rendu par cette scène où l’on voit des jeunes
jouer au football sans ballon. On vit aussi la résistance et l’espoir de voir
pointer une aurore éblouissante après une longue nuit d’oppression. On apprécie
mieux le rôle de la femme dans des sociétés segmentaires comme les nôtres et
qui arrivent à lui accorder une place de choix. On apprend comment de pieux
Musulmans refusent le diktat des Jihadistes.
Une
actualité qui met en évidence l’horreur que vivent les populations d’Irak et de
Syrie, mais aussi de Libye sous le joug des hordes de l’Etat islamique. En Occident,
on ne voit d’eux que les séquences de décapitation de quelques otages
ressortissants de ces pays. Des zooms sont faits sur la souffrance réelle des
Chrétiens d’Orient. Quid des Musulmans – Sunnites et Chiites - qui résistent,
qui souffrent le martyr, qui fuient leurs terres ?
Timbuktu
donne une idée de cette souffrance partagée, de cette Espérance toujours plus
forte que l’oppression. C’est un mélange de fiction et de réalité, une sorte de
téléréalité des pauvres… celle qui ne se joue pas contre de l’argent et
qui n’a pas vocation à aller en-deçà du vécu quotidien des hommes et des femmes
qui ont subi cet arbitraire-là.
Après Cannes et bien d’autres scènes du cinéma,
Abderrahmane Sissako s’apprête à entrer dans un espace réservé aux meilleurs. Son
film est déjà parmi les neuf nominés. Tant mieux et mille fois merci à celui
qui oppose ainsi une dose de fierté aux prophètes de malheurs qui nous inondent
en ces temps. Ceux-là veulent nous décourager de nous-mêmes, veulent nous
marquer à jamais du poids de l’indignité, nous désespérer à toujours… Le succès
de Timbuktu nous enseigne que nous avons encore quelque chose à offrir
au Monde, quelque chose à faire partager et qui peut servir. Nous en sommes
fiers.
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