Elle a finalement été laborieuse, la mise en place du nouveau
Bureau de l’Institution de l’Opposition. Un an ou presque après les élections
législatives, le Conseil Constitutionnel procède à la mise en place de ce Bureau
qui comprend, outre Tawassoul qui a désigné le Chef de file de l’Opposition,
les partis Wiam de Boydiel Ould Hoummoid et AJD/MR de Sarr Ibrahima.
C’est au cours d’une cérémonie officielle organisée hier au siège
du Conseil Constitutionnel – un siège loué !!!! – que le Conseil a désigné
Hacen Ould Mohamed, maire de Arafatt à la tête de l’Institution. Le chemin a
été long. Tawassoul a d’abord proposé son président Jamil Mansour mais
l’absence de réponse du Constitutionnel a obligé le parti à faire une nouvelle
proposition.
L’article 7 précise en son alinéa premier : «L’Institution
de l’Opposition Démocratique est dirigée par un conseil de supervision composé
des représentants investis d’un mandat de député, de sénateur ou de membre d’un
conseil municipal des partis politiques de l’opposition représentés à
l’Assemblée nationale. Le rôle de chacun des membres y est défini en fonction
du nombre de députés de sa formation politique». Et en son article 8
(alinéa premier) : «Le Président du Conseil de l’institution de
l’opposition est le représentant désigné de la formation politique qui a obtenu
le plus grand nombre de siège à l’Assemblée Nationale aux élections
législatives générales les plus récentes parmi les partis politiques de
l’Opposition Démocratique. En cas d’égalité de sièges, entre deux ou plusieurs
partis, le critère de départage retenu est celui du nombre de voix obtenus par
la liste nationale de chaque parti».
Le Président Ahmed Ould Daddah, Chef de file sortant de
l’Opposition démocratique, a expliqué son absence à la cérémonie par le fait
que son parti a boycotté les élections et ne reconnait donc pas tout ce qui en
découle. L’explication aurait été donnée au cours d’un entretien téléphonique
entre le nouveau et l’ancien. De son côté, le Président de l’Union pour la
République (UPR), Me Sidi Mohamed Ould Maham a félicité le nouveau Chef de file
avant de lui adresser une lettre rendue publique. Il souhaite que cette mise en
place du Conseil de l’Institution de l’Opposition participe à la normalisation
des rapports entre les acteurs politiques.
Le premier défi du nouveau bureau de l’Institution
de l’Opposition Démocratique, est bien celui de la reconnaissance.
Il
aura besoin d’être reconnu par les pouvoirs publics. Cela se traduira par une
rencontre – le plus vite possible – entre le Président de la République et
l’Institution dans les conditions que prévoit la loi sur le Statut de
l’Opposition. C’est-à-dire qu’entre le Bureau et le Président de la République,
les échanges concerneront la situation générale du pays. Il n’est pas exclu
qu’en arrivant chez le Président, le nouveau Bureau apporte avec lui des
propositions claires et des prédispositions avérées en vue d’une reconnaissance
mutuelle à même d’assurer l’apaisement des relations entre les protagonistes
politiques.
Le
Bureau aura besoin de la reconnaissance des autres partis d’opposition. Ce sera
difficile, vu le risque que peut faire peser la redynamisation de l’Institution
sur le Forum national pour l’unité et la démocratie (FNDU). En effet, dans un
débat apaisé et sur une scène normalisée, il n’y a pas de place pour un
rassemblement somme toute informel, surtout si l’Institution réussit à se
forger un champ d’action et à ouvrir de nouvelles perspectives. On peut se
demander alors comment réagiront les partenaires de Tawassoul après
l’intronisation du parti dans le leadership légal (et institutionnel) de
l’Opposition démocratique.
La
désignation d’un Chef de file de l’Opposition Démocratique et d’un Bureau
dirigeant peut servir de déclencheur d’une dynamique de dialogue, de
concertation et de normalisation des relations entre les protagonistes
politiques. La portée de ce «déclencheur» dépendra de la volonté et du
savoir-faire d’abord de Tawassoul, ensuite du Pouvoir en place.
On
nous promet mille et un déchirements, on va même jusqu’à tout faire pour
instaurer un climat délétère en espérant qu’un jour une explosion se produise
et qu’elle entraine avec elle le pouvoir en place.
Les
prophètes de malheurs oublient qu’en noircissant l’avenir, ils nous dégoûtent
du futur qu’ils nous proposent. Ils oublient aussi qu’ils participent à la
dé-légitimation de la parole publique et sa décrédibilisation. Il est vrai
cependant que l’entretien de propos qui participent de l’autodénigrement en vue
d’affecter l’image du pays, nous fait faire un pas de plus vers la
désagrégation sociale. A qui cela peut-il profiter ? A personne
finalement.
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