Quelques illuminés nous abreuvent ces jours-ci de discours haineux,
appelant parfois au meurtre et au pogrom, parfois soutenant les positions les
plus sectaires, des discours vides, toujours dangereux.
Des propos qui fustigent les «Bidhânes» accusés de tous les
maux, d’être «esclavagistes», «voleurs», «violeurs», «tueurs»…
Des propos dont l’objectif est de dresser non seulement une partie de la
communauté arabophone (ou hassanophone) contre l’autre, mais aussi d’exciter la
contre-réaction qui ne peut qu’être tout aussi violente, tout aussi aveugle,
tout aussi irrationnelle, tout aussi absurde.
Des propos qui nous viennent d’un ancien ministre qui met justement en garde
contre «la violence de la réaction des Bidhânes» qu’il tente de
légitimer et qu’il promet pour bientôt. Un autre ancien ministre – les disgraciés
sont toujours enragés – qui s’excite pour les ressortissants de sa région qu’il
juge «exclus, exploités, marginalisés…».
Des propos que tient un prétendu chef religieux qui soutient
publiquement que «l’esclavage est un fait de Dieu qu’il faut maintenir».
Avant d’inviter à la «neutralisation» de tous ceux qui disent le
contraire.
Ils sont quelques vingt au plus trente personnes qui s’activent à
envenimer la scène, à exciter les esprits pour finalement créer un désordre ou
au moins une atmosphère à même de corrompre la cohésion nationale, de perturber
les équilibres sociaux, de semer la zizanie, tout cela afin de déstabiliser un
régime dont ils veulent la peau.
On raconte que deux tribus guerrières se sont battues pour un
troupeau de chameaux. Pendant toute une journée, le cliquetis des armes et l’odeur
de la poudre ont couvert tout le reste. De vaillants guerriers tombèrent de
part et d’autres, de valeureux fils de l’une et l’autre des deux tribus
perdirent qui une main, qui une jambe, qui un œil… Le soir venu, le combat cessa
non pas faute de combattants, non pas parce que l’un ou l’autre des camps l’a
emporté, mais parce que toutes les bêtes pour lesquelles les deux tribus se
battaient étaient mortes au milieu des combats. Le combat cessait parce que ce
pourquoi il se déroulait n’était plus…
…Nous sommes dans une transition qui doit permettre le passage d’un
monde vers un autre. Et comme disent les sages, c’est la période propice à l’émergence
de tous types de monstres et donc de monstruosités. Le risque est d’autant plus
grand que les projets politiques «inclusifs» (ou unionistes) semblent
avoir échoué. Le projet national recule considérablement et avec lui le projet
démocratique qui souffre aujourd’hui des excès des uns et des autres.
La chape rampante trouve dans ces excès toutes les raisons de
stigmatiser la liberté d’expression. Les uns en profitent pour réhabiliter une
vision rétrograde du monde et de la condition humaine. Les autres y trouvent
une aubaine pour développer racismes et xénophobie, tout ce qui fait les
visions fascistes et oppressantes favorables à tous les arbitraires.
Nous avons besoin d’un électrochoc pour nous réveiller. Nous avons
besoin de réactiver les lois antiracistes pour limiter les excès verbaux et
prévenir la violence dans l’action politique. De réhabiliter la loi et l’ordre
pour imposer les approches nationales et non sectaires. De restaurer l’Etat et
son autorité qui doit s’imposer à tous. Pour ce faire, il faut rappeler au
Président de la République les trois priorités fixées dans son discours d’investiture
pour son deuxième mandat : la Justice, l’Ecole et l’Administration. Qu’est-ce
qui a été fait depuis pour restaurer, réhabiliter, réformer ? La solution
des problèmes du pays commence par la mise en œuvre de ces chantiers et au plus
vite.
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