Pendant des semaines, l’épidémie
de la fièvre Ebola a ravagé l’Afrique de l’Ouest, mais aussi le Congo dont on
parle moins. Mais ses ravages ont été éclipsés par la mobilisation
internationale contre les bandes de l’Etat islamique sévissant en Irak et en
Syrie. La décapitation de ressortissants occidentaux a occupé la une des
médias. L’horreur produite par les hommes a occulté les misères d’une nature
peu clémente.
Puis le virus a gagné l’Europe
et l’Amérique. En France, une victime contaminée a pu être soignée. Un autre
cas vient d’être déclaré sans détail. En Espagne la troisième victime,
contaminée sur place elle, est morte. Aux Etats-Unis, le premier malade «importé»
d’Afrique est mort. Deux autres cas viennent d’être déclarés sans détails non
plus. En Angleterre, en Allemagne, en Australie, partout l’alerte est au
maximum.
Le dernier bilan dressé
par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vendredi faisait état de 4033
morts sur les 8399 malades déclarés. L’essentiel, sinon la quasi-totalité des
atteints et des morts sont en Afrique. Mais l’on sait désormais qu’aucun pays n’est
à l’abri, que le risque zéro n’existe pas comme disent les responsables
occidentaux.
La Banque Mondiale a
évalué le coût de l’épidémie à 32,6 milliards dollars pour la seule Afrique de
l’Ouest à l’horizon 2015. En vue de faire face, chaque pays a créé son comité
de crise. Les ministres européens se réunissent en fin de semaine prochaine
pour élaborer une stratégie commune. La Russie annonce pouvoir mettre en vente
trois vaccins dans les six mois qui viennent.
En Afrique les
gouvernements pensent que l’effort fourni est en-deçà des espérances. Le Président
de la Sierra Leone a déclaré que «la réponse internationale a été, pour le
moment, plus lente que le rythme de transmission de la maladie». De son
côté le Secrétaire général de l’ONU estime qu’il va falloir multiplier «par
20» les efforts actuels. D’ailleurs l’appel de fonds lancé par l’OMS pour
un milliard de dollars n’a été financé qu’à 25%.
A elle seule, l’Afrique
ne pourra éviter l’hécatombe annoncée. Alors que la prévention chez les plus
nantis commence par la solidarité avec les peuples aujourd’hui ravagés par la
maladie.
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