C’est
une véritable guerre qu’il faut mener contre le virus Ebola qui continue à
faire des ravages en Afrique de l’Ouest (et pas seulement). La mobilisation
internationale et locale (dans les pays africains) prend l’allure d’un film sur
grand écran, avec notamment la décision du gouvernement du Sierra Leone de «confiner»
la population chez elle pendant trois jours, mais aussi l’envoi dans ce pays de
plus de trois mille soldats américains.
En
1995, le réalisateur Wolfgang Petersen sortait «Outbreak», un film
traduit en Français sous «Alerte !» avec entre autres grandes
figures du cinéma, l’acteur Dustin Hoffman. Le film raconte l’itinéraire d’un
virus arrivé en Californie par un petit singe venu d’Afrique et introduit
frauduleusement aux Etats Unis. Il se propage à une vitesse qui laisse présager
la fin de l’Humanité. La trame tourne autour la volonté des «bruts» qui
préconisent une opération militaire contre la petite ville où le virus semble
avoir sévi, et le colonel Sam Daniels (Dustin Hoffman) qui croit à une solution
«scientifique».
Au
cours de l’histoire, on apprend qu’il s’agit d’un virus «cultivé» dans
le cadre de la guerre bactériologique envisagé par les Américains contre le
reste du monde. Le virus aurait été cultivé en Afrique. Une souche de ce virus
a contaminé des animaux de la jungle et notamment des singes qui servent dans
des trafics avec l’Europe et l’Amérique. A un moment du film, on voit comment
l’administration américaine avait décidé de détruire les villages et camps
militaires où la culture du virus s’effectuait, pour faire disparaitre toute
trace du méfait.
Depuis
que j’ai vu ce film, je m’attends à une hécatombe du genre. Nous l’avons depuis
les pays de l’Afrique de l’Ouest. Il ne s’agit pas ici de suggérer une
quelconque possibilité de manipulation à grande échelle, même si avec ces
gens-là il ne faut rien exclure. La situation est grave et mérite qu’on se
mobilise tous pour expliquer, sensibiliser en espérant faire peur pour éviter
la propagation de la maladie qui a fait des milliers de victimes en quelques
mois.
Le
virus Ebola – et non «Epola» comme prononcent certains journalistes des
télévisions et radios privées – doit son nom à une rivière de la République
démocratique du Congo, ancien Zaïre. C’est aux abords du cours de cette rivière
que le virus a fait sa première hécatombe en 1976 (280 morts sur 318
contaminés). Plus tard, on saura qu’il s’agit d’une maladie fulgurante mortelle
à 90% et pour laquelle il n’existe aucun traitement.
On
sait que le virus passe de l’animal à l’homme (de la chauve-souris au singe
puis à l’homme). Il se transmet par contact direct avec des liquides organiques
comme le sang, le sperme, les excrétions, la salive et tout ce qui peut provenir
de la personne malade. C’est ce qui explique la montée de la contamination dans
le personnel médical traitant.
Il
y a deux semaines, un prédicateur mauritanien a été atteint d’un accès de forte
de fièvre. Il a été immédiatement isolé à l’hôpital Zayed où il a été
transféré. Malgré la présence presque permanente du personnel médical, le
médecin traitant a été surpris de le voir entouré de sa famille : sa sœur
qui lui tenait la tête, son frère qui lui massait les pieds, quelques disciples
qui essayaient de s’asperger de sa salive qui dégoulinait. C’est dire combien
il est difficile de faire respecter les règles de sécurité dans des sociétés
comme la nôtre où les règles de la convivialité font fi de la prévention.
Les
rituels funéraires ont été pour beaucoup dans la propagation du virus dans
certains pays. La question aujourd’hui est de savoir si les exégètes de la
religion peuvent émettre des avis dispensant les morts du virus d’être traités
comme des morts normaux.
Une
montée soudaine de fièvre accompagnée de céphalées avec des maux de gorge, des
diarrhées et des vomissements ainsi que des éruptions cutanées qui apparaissent
très vite. Très vite aussi on constate que les reins et le foie sont affectés
pour donner les hémorragies internes et externes. Dans 50 à 90% des cas, le
décès intervient alors. Entre le moment de la contamination par le virus et sa
manifestation (période d’incubation) on peut compter de 4 à 9 jours, alors que
le temps de la maladie dure entre 6 et 16 jours.
La
menace est grave pour tout l’espace ouest-africain, donc pour nous. Il est donc
urgent et nécessaire de faire attention. Faire attention à tous les malades de
fièvre qui manifestent des symptômes assimilables à ceux d’une fièvre
hémorragique, n’importe laquelle. Faire attention aux parents et amis qui
reviennent de pays à risques. Etre plus exigent quant à l’hygiène notamment
l’hygiène personne : se laver les mains chaque fois que cela est possible.
S’abstenir de toucher les malades soupçonnés d’être atteints.
Les partis politiques, les syndicats, les médias, les
mosquées, les chefs de village… tout le monde doit se mobiliser pour
sensibiliser les populations. Nous n’avons pas le droit d’attendre sans rien
faire, sans rien dire. Cela relève du volontarisme et de l'engament personnel.
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