Les
accusations et contre-accusations fusent de partout : rien ne va plus
entre le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz et le Forum national pour la
démocratie et l’unité (FNDU). Les deux parties s’accusent et s’invectivent. Du déjà
entendu. Du déjà vu. Mais cela donne une dimension politique à la campagne,
quelque chose dont elle avait peut-être besoin. La bataille est véritablement
celle de la participation. L’ennemi de la participation, c’est bien sûr le
boycott.
Qu’elle
soit le résultat d’un travail militant et d’une conscience politique assumée,
ou celui d’une simple désaffection du jeu politique, qu’elle soit la
conséquence du manque de mobilisation des soutiens du candidat qui sont tellement
sûrs de sa victoire qu’ils jugent inutile tout effort supplémentaire, ou celle
des enregistrements tronqués lors des Législatives et municipales (ces milliers
d’inscrits dans des lieux qui ne sont pas forcément leurs lieux de résidence),
toute baisse possible du taux de participation dans la présidentielle sera une
aubaine pour le FNDU qui en a fait son option de combat. Mais plus le taux de
participation dépassera les 50%, plus la défaite du FNDU sera grande.
En
s’attaquant directement au FNDU et à ses leaders, le candidat déplace
effectivement l’enjeu et le terrain de la bataille, mais choisit aussi ses
protagonistes. Il est désormais tenu de battre ses concurrents dans la course
présidentielle, mais aussi ses ennemis irréductibles qui ont choisi de prôner
le boycott. Pour lui, la victoire sera double si le taux de participation
dépasse les 50% (et plus il dépassera cette limite, plus la victoire sera
éclatante) et s’il remporte le scrutin. D’où l’intérêt pour lui d’engager
franchement le combat avec ses protagonistes les plus déterminés et les plus
nocifs (pour lui).
C’est
bien le candidat Ould Abdel Aziz qui a choisi de donner cette dimension politique
à la campagne électorale. Allant jusqu’à choisir les leaders de l’autre camp :
hasard de calendrier ou pas, c’est l’ancien Premier ministre Ould Ahmed Waqf qui
a été aux avant-postes dans la montée au créneau du FNDU qui répond aujourd’hui
aux attaques du candidat…
Quoi
qu’il en soit, il s’agit là d’un tournant dans la campagne et dans la compréhension
des enjeux qui sont ainsi réorientés. On sait que la bataille du boycott est
perdue d’avance. La nature du Mauritanien, son système de pensée, sa relation
avec les affaires publiques, particulièrement quand il s’agit d’élections, tout
cela compromet d’avance l’option de la chaise vide. D’autant plus qu’elle ne
tient pas dans une démocratie naissante qui a besoin d’être consolidée par les
expériences.
Le
FNDU n’est pas allé à ces élections parce qu’il ne pouvait s’entendre sur la
manière de les mener : ni sur le candidat, ni sur la méthodologie, ni sur
le discours, encore moins sur les objectifs à court et moyen termes. Le boycott
est une panacée pour éviter d’affronter les divergences d’approche et de
visions qui bouillonnent sous l’apparence d’un consensus précaire.
Si
cette lecture est réelle, il va falloir s’attendre à de grands remous
politiques dès le lendemain des élections. Même qu’un séisme pourra se produire
entrainant la disparition, du moins le rétrécissement considérable de l’aura de
certains partis et de certaines personnalités. Ce qui peut être du goût de la
plupart des acteurs de l’un et de l’autre des camps qui se font face aujourd’hui.
Quel prix sera prêt à payer le Président élu pour faire tourner la page de la
présidentielle ? quelle capacité de résistance auront les composantes du
FNDU face aux multiples ouvertures (et opportunités) qui seront ouvertes dès le
lendemain de la présidentielle ?
L’avenir
nous dira… En attendant l’affrontement entre les deux camps procède d’une
logique politique exprimant une réelle prise de conscience de l’enjeu principal :
le taux de participation.
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