Aïoun
reçoit le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz. La capitale du Hodh el Gharbi
connait l’effervescence des grands moments. De tous les départements, affluent
notables et dignitaires politiques. La région est acquise à Ould Abdel Aziz et
elle entend en donner la preuve.
Quelques
deux semaines avant, un groupe de grands acteurs politiques de la région dirigé
par Mohamed Ould Rzeizim, ancien ministre de l’intérieur et ancien ambassadeur
à Addis-Abeba et Ezza Mint Hammam, ancienne députée du département, ce groupe a
décidé de quitter Adil pour soutenir le candidat Ould Abdel Aziz. Ce qui a été
un grand coup. Surtout que les débauchages de personnalités symboliques ne
s’est pas arrêté là. Les premiers responsables du RFD locaux ont aussi décidé
de prendre le même chemin. Parmi eux Bah Ould Cheikhna Ould Mohamed Laghdaf, un
nom bien connu et pesant lourd dans la symbolique de la politique locale et
nationale. Le sénateur et le maire élus sous les bannières de Hatem ont déjà
rejoint le camp du pouvoir. De quoi faire le plein pour la présente campagne où
chacun des acteurs a retrouvé son groupe d’antan et où la situation est
redevenue ce qu’elle était d’avant, avec les mêmes alliances, les mêmes
factions unies cette fois-ci pour une seul cause.
L’ambiance
est bonne et ça se voit quand le candidat prend la parole. Il se permet
quelques pointes d’humour dans une ville où le sens de l’humour est un atout
considérable pour embarquer les foules. C’est ce que le candidat va réussir en
se libérant des contraintes du discours traditionnel faisant le bilan par
chiffres. Quelques sujets porteurs qui permettent de faire réagir la foule avec
des ovations des plus fortes (standing-ovations plusieurs fois).
D’abord
l’attaque contre l’un des leaders de l’opposition d’aujourd’hui, «celui qui
a causé la faillite d’Air Mauritanie» et qui se targue aujourd’hui de
demander des comptes et de faire des leçons de morale politique. «Vous le
connaissez, tout le monde le connait, je n’ai pas besoin de citer un non…»
Mais la foule scandait déjà le nom de l’ancien Premier ministre de Sidi Ould Cheikh
Abdallahi, le président de Adil Yahya Ould Ahmed Waqf. Et quand il parle de «ceux
qui étaient des Walis ici et qui ont distribué les places publiques et dont le
mauvais souvenir est toujours présent dans vos esprits», ce sont plusieurs noms
qui fusent : les Walis qui ont sévi ici sont nombreux et militent tous
aujourd’hui dans l’opposition comme ténors.
Ensuite
la sortie sur l’émiettement de la société. «Chacun veut parler au nom d’un
groupe alors que personne ne l’a mandaté. Souvent pour arriver à un dessein
personnel. Il y a ceux qui parlent au nom des esclaves, au nom des forgerons,
des chérifs, des guerriers, des marabouts, des noirs, des blancs, des basanés,
de ceux qui ont les cheveux crépus, de ceux qui les ont lisses… parler au nom
d’une faction est devenu un fond de commerce pour les élites perdantes. Ils
viennent me voir pour me dire que leurs communautés sont exclus et
marginalisées, qu’elles subissent l’arbitraire, je finis par croire que le plus
opprimé de tous, c’est bien le Président de la République qui est obligé
d’entendre jusqu’au bout ces balivernes qui e convainquent plus et qui sont
dangereuses pour l’unité nationale. Notre choix est celui de préserver la
liberté d’expression qui ne peut être source de mal, mais c’est à vous de refuser
à ces gens de profiter de leurs discours sectaires, d’empêcher la prime à la
mauvaise foi…»
Enfin
cette sortie contre l’appel au boycott. «Maintenant qu’ils ont perdu leur
pari sur la révolution, qu’ils savent que l’échec sera au rendez-vous pour toute
leurs tentatives d’imposer une gérontocratie ici, ils décident de prôner le
boycott pour déstabiliser la marche du pays vers un mieux-être politique et
économique. Quand, comme pendant les législatives et municipales, le taux de
participation sera bon, ils auront perdu leur dernier pari, celui de jeter
l’opprobre sur la démocratie. C’est pourquoi je vous appelle à venir
massivement faire échouer leur funeste projet comme vous l’avez fait par le
passé».
Après
le discours, le candidat s’est permis un bain de foule alors que ses soutiens
se dispersaient dans la bonne humeur. Le soir, il se plia à la tradition d’une
soirée et de multiples rencontres avec les notables et les dignitaires locaux.
L’occasion de recueillir par lui-même les engagements à le soutenir et faire
probablement quelques engagements pour l’avenir.
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