Les vraies séances de dialogue peuvent être lancées : les
trois pôles politiques – Majorité, Forum national pour la démocratie et l’unité
(FNDU) et Coalition pour une alternance pacifique (CAP) – ont entériné l’ordre
du jour pour ce dialogue et décidé de l’ouvrir solennellement ce lundi (14/4). Chacun
des pôles sera représentés par 7 personnes. Reste à savoir comment va se
dérouler la cérémonie d’ouverture du dialogue et qui l’ouvrira. On parle déjà
du Premier ministre qui a quand même la paternité de l’évènement, n’est-ce pas
lui qui avait inauguré les rencontres avec les partis d’opposition ?
21 personnes pour discuter une nouvelle fois de l’avenir politique.
Les représentants des trois pôles devront d’abord établir un chronogramme pour
donner le temps à chaque question pour être discutée dans tous ses aspects. Ils
devront alors aller au fond des choses après.
Le FNDU a toujours soutenu que pour arriver à des élections
consensuelles et régulières, il fallait agir sur quatre niveaux :
- La supervision politique
crédible qui fonde la revendication d’un gouvernement d’union (ou d’ouverture,
en tout de consensus) ; on sait aujourd’hui que cette exigence peut
ne pas tenir si l’on fait le bilan du gouvernement de 2009 et si l’on
prend en compte que c’est à la CENI que revient désormais la supervision
et l’organisation de toute l’opération électorale.
- La refonte des institutions électorales
pour les rendre plus fiables. L’on désigne sous cette appellation la CENI
bien sûr, mais aussi le Conseil constitutionnel, les directions
spécialisées du ministère de l’intérieur et même la direction de l’état
civil (Agence d’enrôlement. Dans ses dernières déclarations, le Président
de la République avait dit ne rien refuser de tout cela. On peut imaginer
effectivement une reconstitution de la CENI et même du Conseil
constitutionnel pour permettre l’ouverture de ces deux institutions à l’opposition.
Avec cependant le risque de les voir devenir un instrument aux mains des
partis : il faut toujours rappeler le danger que peut constituer une
CENI ou un conseil constitutionnel partisan. Pour ce qui est de l’Agence d’enrôlement,
il sera facile de démontrer qu’elle ne constitue pas un enjeu dans l’opération
électorale. Surtout que l’audit du fichier demandé par le FNDU est
possible car les listes sont publiques.
- «La neutralité de l’Etat et
des attributs de la puissance publique», sans lesquels, selon le FNDU,
on ne peut parler d’égalité de chances. Il s’agit de «dépolitiser l’administration»
par des nominations ailleurs que dans le cercle du pouvoir, de «dépolitiser
les marchés publics» (?), de «réviser et mettre en œuvre la loi sur
le financement des campagnes électorales et plafonner les budgets globaux
et les contributions individuelles aux budgets des candidats», de
demander au Président de la République d’interdire aux personnels
militaires de s’impliquer dans la vie politique et de «requérir des
chefs de corps (Armée, Gendarmerie, Garde, Police, Autres forces de
sécurité) une déclaration publique de neutralité par rapport aux
différents acteurs politiques», les éléments de ces corps devant voter
le même jour que les civils et enfin «ouvrir les médias publics de
façon équitable et continue, et nommer à leur tête des personnalités
consensuelles compétentes». Cette dernière question a été réglée par
la loi révisée sur l’audiovisuel.
- La préparation technique «suffisante»
consiste à réviser les textes électoraux, parachever l’enrôlement, auditer
le fichier et donner l’opportunité à l’ensemble du personnel à participer
à l’élaboration des listes électorales.
Tout est discutable et tout peut être le fondement d’une
amélioration des conditions de transparence donc de la démocratie. Et chacune
des parties a intérêt à faire aboutir le processus de dialogue.
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