Après
avoir boycotté les dernières élections législatives et municipales, la
Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) semble s’acheminer vers la
participation à l’élection présidentielle qui devrait se dérouler dans quelques
quatre mois (peut-être moins). C’est le sens qu’il faut donner à la préparation
d’un forum dont l’objectif annoncé est d’unifier les positions des partis
d’opposition (ceux qui ont participé et ceux qui ont boycotté) derrière une
candidature unique. On semble adopter le schéma sénégalais qui a permis
l’alternance.
Mais
comme d’habitude, c’est le pouvoir qui fait le premier pas en prenant
l’initiative de convoquer l’un des chefs de la COD, Mohamed Ould Maouloud,
président de l’Union des forces du progrès (UFP). Une rencontre d’une heure qui
a réuni Ould Maouloud au Premier ministre, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
Le
communiqué publié par l’UFP à la suite de la rencontre a qualifié l’entretien
de «cordial», de «franc et sincère» avant d’indiquer que les deux
hommes ont surtout parlé de «la question cruciale de la prochaine élection
présidentielle». D’après le communiqué, le Premier ministre «a notamment
souligné le souci du gouvernement d’œuvrer pour que le scrutin se déroule dans
des conditions acceptables».
Ce
à quoi le président Ould Maouloud a répondu en se félicitant «de cette
volonté affichée du gouvernement de rechercher un consensus national autour de
la question (des élections, ndlr)» Et en insistant «sur la nécessité que
s’instaure un dialogue sincère et fructueux qui tire les enseignements des
échecs antérieurs». Ce serait «la seule alternance à l’impasse politique
et aux risques graves qu’elle pourrait engendrer pour le pays». Une
exigence cependant : «Le président de l’UFP a
en outre insisté pour que la méthodologie à suivre puisse être définie d’un
commun accord, notamment avec la COD».
Pour ce faire, «les deux parties ont convenu que le dialogue qui doit
s’instaurer en vue de créer un climat favorable à la paix et à la sécurité dans
le pays, doit déboucher sur des élections consensuelles et incontestées».
En conclusion, l’UFP s’est félicité «de cette initiative du
gouvernement dont elle espère qu’elle inaugure une nouvelle dynamique de
relations apaisées entre tous les acteurs de la scène nationale».
Nous sommes loin, très loin du climat des invectives qui a
caractérisé la relation entre les deux parties. Il y a comme une nouvelle
attitude qui permet d’entrevoir une possibilité d’apaisement. Des questions
restent cependant posées.
Pourquoi, en voulant ouvrir une nouvelle page avec la COD, le
gouvernement n’a-t-il pas invité le président en exercice du rassemblement
plutôt que l’un de ses membres ? On peut croire à une défiance vis-à-vis
de Ahmed Ould Daddah de la part du gouvernement, mais cela n’explique pas tout.
C’est peut-être une façon d’éviter de traiter avec un corps «non
institutionnel» (la COD étant une alliance non reconnue de partis), et de
traiter les partis un à un.
Qui a intérêt, à ce moment précis, d’engager le dialogue ?
est-ce le pouvoir qui ne semble pas acculé et qui vient de conclure des
élections qui l’ont remis plutôt sur la sellette en lui permettant de rafler la
grosse part ? est-ce l’opposition impliquée dans le processus et qui a
réussi à tirer son épingle du jeu ? ou l’opposition qui se relève
difficilement de sa décision de boycott ? En partant du principe que tous
y trouvent leur compte, comment faire pour que cela ne prenne pas l’allure d’une
manœuvre ?
Quand on aura répondu à toutes ces questions, il en restera une :
à quoi sert tout ça si, derrière, il n’y a pas une vision claire ?
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