«La Tunisie a donné à tous les pays de la région un
exemple avant-gardiste en matière de transition démocratique», a déclaré
Mustapha Ben Jaâfar, président l'Assemblée nationale constituante tunisienne
lors de la cérémonie de signature de la nouvelle Constitution. Il a ajouté :
«La rédaction et l’adoption d'une Constitution
progressiste, fruit du consensus de toutes les parties nationales.» Une
Constitution qui capitalise les avancées progressistes en matière de droits des
femmes, d’égalité et d’ouverture.
La Tunisie a été le premier pays arabe à se débarrasser de la
dictature qui a sapé les fondements de l’Etat et ébranlé la structure sociale. De
l’auto-immolation du jeune vendeur Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, au
départ de Zein el Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, à l’élection de Moncef
Marzouki à la présidence le 12 décembre 2011 à la suite d’un compromis politique
entre les libéraux et les Islamistes d’Ennahda, il aura fallu vaincre bien des
démons.
Défaire les forces centrifuges, dépasser le stade de
la simple revanche de la société sur les systèmes politiques, (re)créer une
pensée politique à même de nourrir le processus, à même de devenir au mouvement
ce que la philosophie des Lumières fut pour 1789, éviter les dérives qui
pourraient naitre de la confrontation entre les extrémistes de tous bords,
donner espoir aux Tunisiens en rétablissant la confiance…
Le 18 novembre 2011, j’écrivais ici parlant du «printemps arabe» :
«Une hirondelle ne fait pas le printemps, dit-on. La
Tunisie à elle seule ne peut pas faire le
«printemps arabe». Et, malheureusement, il n’y aura que la Tunisie…
Seule la Tunisie semble réussir à pousser le
changement au-delà d’un simple lifting du système ayant sévi des décennies
durant. Sans doute le niveau d’instruction a-t-il joué dans ce pays qui a,
depuis l’indépendance en 1956, joué la carte de la ressource humaine. Il y a
certainement aussi la proximité de l’Europe et surtout le bon départ d’une
Tunisie libérée des pesanteurs ancestrales par la volonté d’un moderniste
visionnaire : Habib Bourguiba.
La place de la femme, le niveau de scolarisation,
l’école moderne, la promotion de la culture (arts, écriture, lecture…), le tout
a joué maintenant que le pays se trouve à un tournant de son histoire.» Mais il
y a aussi «Rachid Ghanouchi, ce leader islamiste qui a fait ses relectures
bien avant que la Turquie islamiste ne fasse les siennes. Idéologue du
mouvement islamiste tunisien, Ghanouchi a su (et pu) concevoir un mouvement
enraciné dans les valeurs traditionnelles et résolument moderniste».
Il faut dire que la Tunisie qui a aboli l’esclavage en
1846 (deux ans avant la France), qui a eu sa première Constitution en 1861,
cette Tunisie-là avait pris forcément une longueur d’avance sur le reste du
monde arabe. Ajouter à cela tout l’héritage bourguibien (de Habib Bourguiba, le
premier président tunisien) : la scolarisation systématique,
l’émancipation de la femme, la désacralisation de tous les aspects de la vie…
bref tout ce qui fait que la Tunisie est restée la contrée arabe la plus
ouverte sur l’Occident en particulier, sur l’Autre en général.
Tout prédisposait la Tunisie à devenir dans un monde
arabe qui en manque cruellement… Espérons que ce sera définitif. Sans retour.
Les tunisiens sont à une longueur d'avance sur le reste du monde Arabe,,,,
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