En
2012, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 2056 instituant «La
stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel», un programme par lequel les Nations-Unies
entendaient trouver des solutions aux problèmes de sécurité et de développement
posés au Sahel. Nous sommes en pleine crise du Mali et c’est Romano Prodi, l’homme
politique italien de74 ans, qui est nommé par Ban Ki-Moon comme Envoyé spécial
chargé de ce programme. Le choix n’était peut-être pas judicieux pour des
raisons évidentes de méconnaissance de la zone et de difficulté à communiquer
entre le responsable du programme et ceux des pays concernés (Romano Prodi
parle très mal Français, langue partagée dans l’espace sahélien). En juin 2013,
Romano Prodi présente le Programme devant le Conseil de sécurité et le fait
adopter. Il est depuis sur scène pour essayer d’améliorer la gouvernance «inclusive
et effective à travers la région sahélienne», améliorer les conditions de
paix et de sécurité par le renforcement des mécanismes nationaux, et mutualiser
les efforts consentis pour «assurer la résilience à long terme». L’ancien
président du Conseil italien, vient de faire le bilan avec l’hebdomadaire
parisien Jeune Afrique.
Premier
constat du diplomate : «Après l'intervention
militaire française de janvier 2013 au nord du Mali, un
pan du volet sécuritaire m'a échappé. Mais je dois reconnaître que la situation
au Mali s'est considérablement améliorée, même si certaines questions restent
en suspens, comme la réconciliation nationale, la décentralisation et la
participation de l'ensemble des groupes ethniques à la gestion des affaires
publiques». Pour reconnaitre que «le principal défi, pour le
Mali comme pour les autres pays de la sous-région, reste le terrorisme». C’est
pourquoi «il faut renforcer la coopération sous-régionale, encourager une
meilleure coordination entre les cinq pays du Sahel [Mali, Burkina, Mauritanie,
Niger et Tchad], mais aussi soutenir une plus grande coopération entre eux et
le reste du monde».
Pour lui, «il n'y a pas de développement sans sécurité. Mais il n'y a
pas non plus de sécurité sans développement». Il faut élargir le champ des
intervenants parce que la menace est globale, tous les pays sont en fait
concernés par la lutte contre le terrorisme.
Et pour ce qui est de la multitude des programmes et des Envoyés spéciaux
comme lui : «C'est indiscutable, il y a un déficit de coordination
entre les différents intervenants. Nous devons remédier à cela en recherchant des
synergies et en encourageant les États africains à mieux coopérer». Le G4
du Sahel, créé depuis, est peut-être un premier élément de réponse. «Le
plus innovant, c'est sans doute la création d'un fonds spécial pour le Sahel».
Pour ce qui est de son bilan personnel : «J'ai aidé les États de la
région à élaborer des plans d'action, à identifier les moyens de les mettre en œuvre,
à s'engager dans la recherche de financements. Nous avons surtout poussé à la
création d'un mécanisme de coordination entre les cinq pays du Sahel. Il s'agit
d'une énorme avancée».
Conclusions générales : on ne peut pas faire sans l’Algérie ; la
mauvaise gouvernance joue un rôle dans la déliquescence des Etats ; pour
faire aboutir les négociations de paix, «Ne nous enfermons pas dans des
délais trop contraignants» ; et pour éviter de répondre à la question
sur la probabilité de l’indépendance de l’Azawad, Romano Prodi préfère dire :
«Je fonde l'espoir d'un accord acceptable entre Bamako et les groupes armés.
Car je considère que, sans accord avec le Nord, il n'y aura jamais de paix au
Mali. Les acteurs maliens doivent jouer leur partition pour y arriver, mais la
communauté internationale doit aussi les aider à parvenir à une paix définitive».
Un aveu
d’échec ?
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