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vendredi 21 février 2014

Les conclusions de Romano Prodi

En 2012, le Conseil de sécurité adoptait la résolution 2056 instituant «La stratégie intégrée de l’ONU pour le Sahel», un programme par lequel les Nations-Unies entendaient trouver des solutions aux problèmes de sécurité et de développement posés au Sahel. Nous sommes en pleine crise du Mali et c’est Romano Prodi, l’homme politique italien de74 ans, qui est nommé par Ban Ki-Moon comme Envoyé spécial chargé de ce programme. Le choix n’était peut-être pas judicieux pour des raisons évidentes de méconnaissance de la zone et de difficulté à communiquer entre le responsable du programme et ceux des pays concernés (Romano Prodi parle très mal Français, langue partagée dans l’espace sahélien). En juin 2013, Romano Prodi présente le Programme devant le Conseil de sécurité et le fait adopter. Il est depuis sur scène pour essayer d’améliorer la gouvernance «inclusive et effective à travers la région sahélienne», améliorer les conditions de paix et de sécurité par le renforcement des mécanismes nationaux, et mutualiser les efforts consentis pour «assurer la résilience à long terme». L’ancien président du Conseil italien, vient de faire le bilan avec l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique.
Premier constat du diplomate : «Après l'intervention militaire française de janvier 2013 au nord du Mali, un pan du volet sécuritaire m'a échappé. Mais je dois reconnaître que la situation au Mali s'est considérablement améliorée, même si certaines questions restent en suspens, comme la réconciliation nationale, la décentralisation et la participation de l'ensemble des groupes ethniques à la gestion des affaires publiques». Pour reconnaitre que «le principal défi, pour le Mali comme pour les autres pays de la sous-région, reste le terrorisme». C’est pourquoi «il faut renforcer la coopération sous-régionale, encourager une meilleure coordination entre les cinq pays du Sahel [Mali, Burkina, Mauritanie, Niger et Tchad], mais aussi soutenir une plus grande coopération entre eux et le reste du monde».
Pour lui, «il n'y a pas de développement sans sécurité. Mais il n'y a pas non plus de sécurité sans développement». Il faut élargir le champ des intervenants parce que la menace est globale, tous les pays sont en fait concernés par la lutte contre le terrorisme.
Et pour ce qui est de la multitude des programmes et des Envoyés spéciaux comme lui : «C'est indiscutable, il y a un déficit de coordination entre les différents intervenants. Nous devons remédier à cela en recherchant des synergies et en encourageant les États africains à mieux coopérer». Le G4 du Sahel, créé depuis, est peut-être un premier élément de réponse. «Le plus innovant, c'est sans doute la création d'un fonds spécial pour le Sahel».
Pour ce qui est de son bilan personnel : «J'ai aidé les États de la région à élaborer des plans d'action, à identifier les moyens de les mettre en œuvre, à s'engager dans la recherche de financements. Nous avons surtout poussé à la création d'un mécanisme de coordination entre les cinq pays du Sahel. Il s'agit d'une énorme avancée».
Conclusions générales : on ne peut pas faire sans l’Algérie ; la mauvaise gouvernance joue un rôle dans la déliquescence des Etats ; pour faire aboutir les négociations de paix, «Ne nous enfermons pas dans des délais trop contraignants» ; et pour éviter de répondre à la question sur la probabilité de l’indépendance de l’Azawad, Romano Prodi préfère dire : «Je fonde l'espoir d'un accord acceptable entre Bamako et les groupes armés. Car je considère que, sans accord avec le Nord, il n'y aura jamais de paix au Mali. Les acteurs maliens doivent jouer leur partition pour y arriver, mais la communauté internationale doit aussi les aider à parvenir à une paix définitive».
Un aveu d’échec ?

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