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mercredi 23 janvier 2013

Le choix des mots


Ce matin, j’ai entendu le correspondant de France24 à Niono (Mali) dire une phrase comme «…les islamistes ont cherché à se cacher sous ces arbres, ce n’était pas assez pour éviter la puissance de nos forces aériennes…» Le mot «islamiste» revient souvent dans la bouche des reporters – pressés et/ou fatigués – quand ils parlent des groupes armés qui subissent les bombardements de l’Armée française.
Quand on dit «islamisme» cela renvoie désormais à l’activisme politique militant qui est, dans son acception officielle, loin de toute violence. Même si cela couvre plusieurs écoles, le mot désigne d’abord ceux qui ont choisi le terrain politique visible et concurrentiel pour exprimer leurs idées et leurs choix.
Même quand on parle de «Salafisme», on doit savoir qu’il s’agit d’une idéologie qui n’est pas nécessairement violente. Elle peut évoluer vers l’adoption d’une attitude violente qui considère que l’autre est sur la mauvaise voie et qu’il faut le remettre sur la bonne voie même par la force. De là à introduire l’exigence du «Jihad», il n’y a qu’un pas allègrement franchi par les «Salafistes jihadistes» dont se réclament tous ces mouvements qui opèrent au Nord du Mali, mais aussi un peu partout sur les théâtres brûlant de Syrie, de Libye, du Yémen…
En Mauritanie, la presse peut adopter, en tous temps et en toutes circonstances, les positions que lui dictent ses choix idéologiques et ses lignes éditoriales. Pendant que le pays menait la guerre aux bandes armées l’ayant attaqué dans ses frontières, des journaux et des sites ont défendu la cause de l’ennemi en dénonçant les agissements de l’Armée mauritanienne. Ce n’est qu’un exemple…
Ailleurs, la presse est tenue de s’aligner sur les «préférences de la Nation». L’intérêt national permet de limiter les libertés, de les conditionner et de diriger ainsi la presse. D’où le «nous» fréquemment utilisé par les journalistes quand ils parlent des forces de leurs pays. Consultez n’importe quel site mauritanien, il vous dira : «…l’Armée mauritanienne… le Président mauritanien… la Mauritanie…», vous laissant l’impression qu’on parle de la Papouasie-Nouvelle Guinée ou en tout cas d’un pays autre que celui qui est le nôtre…Pourquoi ? Parce que… c’est certainement la conscience que nous avons de nous-mêmes et du rapport que nous entretenons avec cette portion de la terre qui reste étrangère dans le subconscient de la plupart de nos élites… mais ça c’est une autre question.