L’Union
pour la République avait été annoncé comme le grand perdant des élections. Pour
ses choix jugés «mauvais», à cause des partis nés de ses contestations
internes, pour le passif qu’il traine, pour ses insuffisances intrinsèques,
pour les parrainages supposés ou réels de certains candidats par les plus
hautes autorités de l’Etat… à tout cela il a fallu ajouter l’adversité de
certains ministres vis-à-vis de l’UPR malgré leur appartenance à ce parti…
Malgré
tout, l’Union pour la République a obtenu un score honorable : 53 députés
et une présence dans l’ensemble des circonscriptions législatives, une majorité
absolue et une dissémination sur l’ensemble des territoires communaux du pays.
Et si des ministres n’avaient pas milité contre les candidatures UPR ? et
si des candidats n’avaient pas certifié qu’ils avaient été mandatés par le
Président de la République lui-même pour se présenter dans tel ou tel parti ?
aurait-on imaginer un autre résultat pour l’UPR ? Certainement.
L’une
des nécessités d’après-élections est bien sûr la restructuration des partis
politiques de Mauritanie : ceux qui ont participé comme ceux qui ont
boycotté. Parce que l’une des premières conclusions de l’expérience est l’absence
d’une effectivité du militantisme partisan. Le boycott n’a pas été respecté et
dans certaines circonscriptions ce sont bien les militants des partis
boycottistes qui ont décidé de l’issue du scrutin en faveur de tel ou tel
candidat.
Le
nomadisme politique qui a caractérisé la scène après chaque élection a été
pratiqué en amont de l’opération avec la récupération du tout-venant des
grandes formations par les plus petites.
Avec
l’arrivée de nombreux élus qui ont pour certains de l’envergure, il est certain
que le Sursaut, Al Karama, le PUD… ne resteront pas ce qu’ils sont aujourd’hui
et chercheront à devenir de vrais partis autonomes. Tandis que les partis
traditionnels devront relire leurs déploiements et leurs résultats pour en
tirer les conclusions.
L’AJD/MR
qui a fait une entrée remarquée à l’Assemblée, est appelé à s’ouvrir pour ne
pas s’enfermer dans une vision sectaire de la Mauritanie.
Al
Wiam est lui obligé de se restructurer pour préparer l’ambition présidentielle
et capitaliser ses résultats. Il représente désormais une certaine Mauritanie
dont l’enracinement social est traditionnel et dont l’ancrage politique fait
référence à l’époque d’avant août 2005. Une capitalisation de l’expérience qui
a duré une vingtaine d’années et qui mérite de s’exprimer publiquement.
L’APP
est un parti qui se maintient malgré les nombreux départs mais qui doit
résister aux tentations de la rupture de la ligne médiane suivie jusqu’à
présent. Son président, Messaoud Ould Boulkheir n’a rien à prouver sur le plan
de la lutte anti-esclavagiste et son avenir politique, tout comme celui de son
parti dépendront des capacités à faire de cette cause un lieu de convergence
militant pour tous les Mauritaniens conscients de l’absolue nécessité d’un tel
combat, celui de l’émancipation de l’homme mauritanien et de l’égalité des
citoyens de ce pays.
Tawaçoul
doit savoir que la position de «premier parti d’opposition» l’engage à
une prise de conscience plus aigue de ses responsabilités dans la consolidation
de la démocratie par le débat. Le débat suppose la confrontation de projets, d’idées
loin de toute posture qui sacralise l’un ou l’autre des protagonistes. La bataille qu’il doit livrer
est celle de la Modernité dans les conceptions et dans les actions. La Mauritanie
où se trouvent encore des Erudits ayant la légitimité du «Magister dixit»
qui osent appeler ouvertement à empêcher l’accession des femmes aux commandes,
cette Mauritanie a besoin d’une vision originelle et d’une lecture moderne des
préceptes d’un Islam tolérant et profondément humaniste.
Et
pour revenir à l’UPR, il a besoin de confirmer sa position de «parti au
pouvoir». Son président pourrait être le président de l’Assemblée nationale,
l’occasion peut-être de restructurer le parti pour le doter d’une direction
politique plus homogène et plus à même de faire face aux défis futurs dont la
présidentielle de 2014.
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