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lundi 9 décembre 2013

L’UPR a réussi quand même

L’Union pour la République avait été annoncé comme le grand perdant des élections. Pour ses choix jugés «mauvais», à cause des partis nés de ses contestations internes, pour le passif qu’il traine, pour ses insuffisances intrinsèques, pour les parrainages supposés ou réels de certains candidats par les plus hautes autorités de l’Etat… à tout cela il a fallu ajouter l’adversité de certains ministres vis-à-vis de l’UPR malgré leur appartenance à ce parti…
Malgré tout, l’Union pour la République a obtenu un score honorable : 53 députés et une présence dans l’ensemble des circonscriptions législatives, une majorité absolue et une dissémination sur l’ensemble des territoires communaux du pays. Et si des ministres n’avaient pas milité contre les candidatures UPR ? et si des candidats n’avaient pas certifié qu’ils avaient été mandatés par le Président de la République lui-même pour se présenter dans tel ou tel parti ? aurait-on imaginer un autre résultat pour l’UPR ? Certainement.
L’une des nécessités d’après-élections est bien sûr la restructuration des partis politiques de Mauritanie : ceux qui ont participé comme ceux qui ont boycotté. Parce que l’une des premières conclusions de l’expérience est l’absence d’une effectivité du militantisme partisan. Le boycott n’a pas été respecté et dans certaines circonscriptions ce sont bien les militants des partis boycottistes qui ont décidé de l’issue du scrutin en faveur de tel ou tel candidat.
Le nomadisme politique qui a caractérisé la scène après chaque élection a été pratiqué en amont de l’opération avec la récupération du tout-venant des grandes formations par les plus petites.
Avec l’arrivée de nombreux élus qui ont pour certains de l’envergure, il est certain que le Sursaut, Al Karama, le PUD… ne resteront pas ce qu’ils sont aujourd’hui et chercheront à devenir de vrais partis autonomes. Tandis que les partis traditionnels devront relire leurs déploiements et leurs résultats pour en tirer les conclusions.
L’AJD/MR qui a fait une entrée remarquée à l’Assemblée, est appelé à s’ouvrir pour ne pas s’enfermer dans une vision sectaire de la Mauritanie.
Al Wiam est lui obligé de se restructurer pour préparer l’ambition présidentielle et capitaliser ses résultats. Il représente désormais une certaine Mauritanie dont l’enracinement social est traditionnel et dont l’ancrage politique fait référence à l’époque d’avant août 2005. Une capitalisation de l’expérience qui a duré une vingtaine d’années et qui mérite de s’exprimer publiquement.
L’APP est un parti qui se maintient malgré les nombreux départs mais qui doit résister aux tentations de la rupture de la ligne médiane suivie jusqu’à présent. Son président, Messaoud Ould Boulkheir n’a rien à prouver sur le plan de la lutte anti-esclavagiste et son avenir politique, tout comme celui de son parti dépendront des capacités à faire de cette cause un lieu de convergence militant pour tous les Mauritaniens conscients de l’absolue nécessité d’un tel combat, celui de l’émancipation de l’homme mauritanien et de l’égalité des citoyens de ce pays.
Tawaçoul doit savoir que la position de «premier parti d’opposition» l’engage à une prise de conscience plus aigue de ses responsabilités dans la consolidation de la démocratie par le débat. Le débat suppose la confrontation de projets, d’idées loin de toute posture qui sacralise l’un ou l’autre des  protagonistes. La bataille qu’il doit livrer est celle de la Modernité dans les conceptions et dans les actions. La Mauritanie où se trouvent encore des Erudits ayant la légitimité du «Magister dixit» qui osent appeler ouvertement à empêcher l’accession des femmes aux commandes, cette Mauritanie a besoin d’une vision originelle et d’une lecture moderne des préceptes d’un Islam tolérant et profondément humaniste.

Et pour revenir à l’UPR, il a besoin de confirmer sa position de «parti au pouvoir». Son président pourrait être le président de l’Assemblée nationale, l’occasion peut-être de restructurer le parti pour le doter d’une direction politique plus homogène et plus à même de faire face aux défis futurs dont la présidentielle de 2014.

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