Certes
la CENI a eu des difficultés à communiquer les résultats des élections du 23
novembre dernier : nous entamons la deuxième semaine sans tous les
résultats. Certes elle a fait des erreurs en se précipitant parfois, en
trainant parfois. Certes elle a été incapable d’accompagner les insuffisances
par des explications données à temps. Nous avons vu cependant qu’une seule
sortie du directeur des opérations électorales devant la presse, a permis
malgré tout d’atténuer la tension. Ce qui devrait encourager la CENI à
communiquer, à sortir vers le public plutôt que de compter sur la bonne foi de
ses Sages pour donner confiance à ses partenaires. Plus elle s’explique, plus
les Mauritaniens comprendront que le travail mené demandait de la patience, de
l’endurance et de la précision.
On
notera quelques irrégularités çà et là : un score donné puis rectifié, un
autre qui prête à confusion… Mais l’essentiel est là : une Institution
comme la CENI va nécessairement améliorer ses prestations. Et c’est ce qui
importe.
On
peut d’ores et déjà envisager la refonte de l’appareil technique de la CENI par
le recrutement de nouvelles compétences, sans interventionnisme cette fois-ci.
Des informaticiens performants et des administratifs sérieux et probes. Il y en
a dans ce pays dont l’intelligentsia tente de nous convaincre du contraire.
Il
faut le dire pour ne pas céder au plus facile : conclure que les élections
ne peuvent être organisées entièrement que par une administration du ministère
de l’intérieur. Ce n’est pas vrai, même s’il va falloir louer le travail fait
dans le passé. Non, la CENI peut bien organiser des élections. De A à Z.
Il
suffit pour cela qu’elle mette tous les atouts de son côté. Celui de la
compétence d’abord, de la bonne moralité ensuite.
La
bonne foi des Sages, surtout du Président de la CENI, n’est certes pas en
doute. C’est surtout l’engagement de ces Sages et le manque chez eux de
combativité devant tous les prédateurs qui ne veulent que leur perte.
Le
Président Messaoud Ould Boulkheir ne devait pas regretter publiquement d’avoir
choisi pour nous un homme comme Abdallahi Ould Soueid’Ahmed. Il n’y a rien à
regretter dans ce choix. Mais Ould Boulkheir devait aller au bout de son choix
en soutenant l’homme et l’institution qu’il dirige. Tout comme Boydiel Ould
Hoummoid et Abdessalam Ould Horma. Pour Jemil Mansour, c’est une autre attitude
que nous attendons : celle de le voir revendiquer une refonte qui
permettrait, au moins à son parti qui y a cru, de rattraper l’occasion perdue
d’avoir son mot dans la constitution de l’institution. Ce sera peut-être
l’occasion d’intégrer les compagnons laissés au bord de la route et qui
risquent de rater le nouveau départ.
Dans
quelques mois, nous avons rendez-vous avec un autre scrutin, plus important aux
yeux de nombreux leaders mauritaniens : la présidentielle. Nous avons
encore le temps de corriger ce qui peut l’être, de parfaire ce qui peut l’être
pour ramener tout le monde dans le jeu.
Toutes
les attentions convergent vers ce rendez-vous que personne ne veut manquer.
D’ailleurs, il est déjà au centre du débat. Les analystes ne se gênent point dans
les propos sur les élections actuelles pour anticiper sur l’avenir proche. Même
les politiques font des digressions, s’ils ne vont pas jusqu’à annoncer leurs
intentions pour la présidentielle. Le Président Boydiel Ould Hoummoid a déjà
déclaré son intention de se présenter. Les Islamistes de Tawaçoul n’ont rien
dit, mais on soupçonne chez eux la préparation d’une candidature hors du sérail
visible actuellement dans les premiers rangs du parti. Le Président Messaoud
Ould Boulkheir sera certainement de la partie.
A
ceux-là il faut ajouter au moins un candidat de l’actuel Coordination de
l’opposition démocratique : Ahmed Ould Daddah très probablement, Me
Mahfoudh Ould Bettah peut-être. En plus de Sarr Ibrahima qui est en train de
faire un bon score pour les présentes élections et qui voudra, dans la lancée,
confirmer son statut d’icône du nationalisme négro-africain en Mauritanie. D’autres
pourraient s’ajouter si des mains invisibles s’en mêler comme ce fut le cas en
2007 quand la prolifération des candidatures a été expliquée par les «conseils» prodigués avec insistance par
la présidence de la junte de l’époque.
En
attendant ce moment, la CENI doit travailler pour être au niveau. Ses partenaires
doivent aussi s’y mettre en la soutenant et non en la décriant à l’excès.
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