Dans
le hall de l’hôtel où je suis, personne ne semble accorder d’intérêt à l’information
que diffuse en boucle France 24 et des détails qu’elle donne sur
l’attaque-suicide contre une banque de Kidal dans le Nord. Malgré ces détails
sur «l’explosion», le «bruit produit», la «panique» provoquée (selon le
correspondant de la chaîne), personne ne tourne la tête vers la télévision
installée dans le hall. Personne ne semble inquiet.
Je
suis venu la veille et j’ai été agréablement surpris par un aéroport qui émet
toujours cette sensation de tranquillité qui a toujours fait pour moi l’originalité
du Mali. Dès l’aéroport, on sent qu’on est dans un pays où la culture de la
non-violence est forte. Rien ne peut effrayer ou remettre en cause cette
tranquillité. Même après l’épreuve de 2012 et dont les prolongements se
déroulent encore, aucun dispositif ne semble avoir été mis en œuvre pour créer
une inquiétude quelconque. Ce n’est pas le contrôle opéré par la Gendarmerie
hier soir qui va gêner l’impression de sécurité. Nous venons de Nouakchott où
on compte un contrôle tous les 200 mètres.
Une
baisse cependant de la qualité des services dans les hôtels. Sinon rien de
particulier qui indique que ce pays a subi une guerre larvée qui lui a été
imposée par les groupes Jihadistes sur lesquels sont venus se greffer – parfois
l’inverse – les vieilles velléités rebelles. Assez pour provoquer un
traumatisme qu’on sent à peine aujourd’hui.
Ce
n’est pas de l’indifférence, mais la guerre du Nord est loin et elle est menée par
les Français qui ont voulu éclipser, sinon exclure, tous ceux qui pouvaient
leur faire de l’ombre ou remettre en cause leur agenda pour cette partie du
monde. Les Maliens, et c’est légitime, expriment souvent de l’amertume quand
ils parlent de la manière avec laquelle les Français ont «géré» la
reconquête du Nord.
D’abord
cette «blitzkrieg» dont on ne sait pas encore les véritables résultats :
combien de gens sont réellement morts sous les bombes et les tirs à l’arme
lourde ? «Personne ne peut vous répondre, me dit cet homme. On a vu des
chasseurs décoller vers le Nord, des jours durant. On a vu des centaines de
véhicules blindés et de groupements remonter. On a senti qu’on menait des
batailles d’envergure. Mais on n’a pas eu de bilan définitif…»
Mais
l’amertume, c’est le statut «obtenu» jusqu’à présent pour Kidal. Comme si
les Français avaient voulu garantir «une part aux rebelles du Nord». Parce
qu’on ne peut rien contre la France, il faut attendre et regarder de loin…
comme si ce qui se passe là-bas ne concernait en rien le Sud. «Oh que si,
pourtant…»
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