Il y a une
semaine, je lisais une information se rapportant au croissant lunaire qui «aurait été vu un jour avant la date annoncée
par la Commission nationale chargée de la surveillance des croissants lunaires».
Je comprenais alors que c’était là un prélude à une action de sape qui devait
être développée ultérieurement, «le
moment venu» avais-je dit à quelqu’un.
La veille de la
fête, la rumeur d’une remise en cause de la date initialement annoncée par la
Commission a fait le tour du pays. Certains sites allant jusqu’à affirmer que
la Commission est entrée en conclave pour en discuter. Alors qu’il n’a jamais
été question de remettre en cause cette date.
Il y a un an la
même frénésie gagnait les médias et les salons. La même tendance à propager
fausses informations, à faire des analyses basées sur le faux et à cultiver le
doute, cette tendance intoxiquait politiques et espaces publics. Elle induisait
de mauvaises appréciations de la situation, lesquelles dictaient à leurs
auteurs des positions qu’ils allaient payer très cher. Les approximations, les
mensonges francs et les rumeurs savamment entretenues finissaient par procéder
d’un plan de déstabilisation et de décrédibilisation des Institutions de la
République et de la parole publique. On trouvait un malin plaisir à discuter
des entrailles du Président de la République, comme si le malheur d’un homme
pouvait assouvir une quelconque soif de pouvoir.
Nous en avons
gagné cette vergogne qui fait que l’on parle de tout comme si l’on parlait de n’importe
quoi. L’on se dit que ce que nous écrivons et ce que nous disons ne portent pas
à conséquence. Autant donc exagérer, créer, falsifier, tourner en dérision,
mentir. Sans scrupules.
Rien de ce qui est
à portée ne doit être épargné. Les politiques les plus «en vue» s’attaquent aux institutions et aux espaces sanctuarisés
sans prendre de gants. Il suffit de lire ce qu’écrivent les partis de la CENI. Comme
si cette institution n’est pas le fruit d’un consensus qui se voulait filtre
pouvant garantir le choix de l’élite de l’élite. Moralement et
professionnellement. Les six Sages choisis après un long processus de tamisage
méritent le respect. Tout comme le public mérite le respect. En en parlant avec
tant de légèreté et tant de désinvolture, c’est le public mauritanien qu’on
indispose. C’est la démocratie et ses valeurs qu’on insulte.
La Commission de
surveillance des croissants lunaires est la seule institution habilitée à s’exprimer
sur l’apparition ou non des croissants. Elle est la seule qui fixe fêtes et
dates religieuses importantes. Elle est composée d’un groupe d’érudits qui sont
supposés être assez outillés pour se prononcer sur les questions se rapportant
au domaine.
La Commission
nationale électorale indépendante (CENI) est la seule à s’occuper des
élections, de A à Z. personne ne peut lui discuter ce rôle. Ni remettre en
cause sa respectabilité et sa compétence en la matière.
Le Conseil de l’Iftaa
est le seul organe qui doit s’exprimer sur la fatwa et sur toutes les questions
religieuses. Pas de place pour l’informel en la matière.
La presse en
Mauritanie connait actuellement un processus de dévalorisation de l’information.
On ne sait plus s’il faut croire ce qu’on lit et qu’on entend. Radios et
télévisions reprennent les mêmes informations publiées sur les sites, sans
prendre la peine d’en vérifier les contenus ou de changer les analyses. La fausse
information n’est pas écrite seulement, mais elle est répétée sur les ondes
comme s’il s’agissait d’un fait. Elle est à la base d’analyses aussi erronées
les unes que les autres.
Il est temps de se reprendre.
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