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mercredi 16 octobre 2013

Le faux encore le faux

Il y a une semaine, je lisais une information se rapportant au croissant lunaire qui «aurait été vu un jour avant la date annoncée par la Commission nationale chargée de la surveillance des croissants lunaires». Je comprenais alors que c’était là un prélude à une action de sape qui devait être développée ultérieurement, «le moment venu» avais-je dit à quelqu’un.
La veille de la fête, la rumeur d’une remise en cause de la date initialement annoncée par la Commission a fait le tour du pays. Certains sites allant jusqu’à affirmer que la Commission est entrée en conclave pour en discuter. Alors qu’il n’a jamais été question de remettre en cause cette date.
Il y a un an la même frénésie gagnait les médias et les salons. La même tendance à propager fausses informations, à faire des analyses basées sur le faux et à cultiver le doute, cette tendance intoxiquait politiques et espaces publics. Elle induisait de mauvaises appréciations de la situation, lesquelles dictaient à leurs auteurs des positions qu’ils allaient payer très cher. Les approximations, les mensonges francs et les rumeurs savamment entretenues finissaient par procéder d’un plan de déstabilisation et de décrédibilisation des Institutions de la République et de la parole publique. On trouvait un malin plaisir à discuter des entrailles du Président de la République, comme si le malheur d’un homme pouvait assouvir une quelconque soif de pouvoir.
Nous en avons gagné cette vergogne qui fait que l’on parle de tout comme si l’on parlait de n’importe quoi. L’on se dit que ce que nous écrivons et ce que nous disons ne portent pas à conséquence. Autant donc exagérer, créer, falsifier, tourner en dérision, mentir. Sans scrupules.
Rien de ce qui est à portée ne doit être épargné. Les politiques les plus «en vue» s’attaquent aux institutions et aux espaces sanctuarisés sans prendre de gants. Il suffit de lire ce qu’écrivent les partis de la CENI. Comme si cette institution n’est pas le fruit d’un consensus qui se voulait filtre pouvant garantir le choix de l’élite de l’élite. Moralement et professionnellement. Les six Sages choisis après un long processus de tamisage méritent le respect. Tout comme le public mérite le respect. En en parlant avec tant de légèreté et tant de désinvolture, c’est le public mauritanien qu’on indispose. C’est la démocratie et ses valeurs qu’on insulte.
La Commission de surveillance des croissants lunaires est la seule institution habilitée à s’exprimer sur l’apparition ou non des croissants. Elle est la seule qui fixe fêtes et dates religieuses importantes. Elle est composée d’un groupe d’érudits qui sont supposés être assez outillés pour se prononcer sur les questions se rapportant au domaine.
La Commission nationale électorale indépendante (CENI) est la seule à s’occuper des élections, de A à Z. personne ne peut lui discuter ce rôle. Ni remettre en cause sa respectabilité et sa compétence en la matière.
Le Conseil de l’Iftaa est le seul organe qui doit s’exprimer sur la fatwa et sur toutes les questions religieuses. Pas de place pour l’informel en la matière.
La presse en Mauritanie connait actuellement un processus de dévalorisation de l’information. On ne sait plus s’il faut croire ce qu’on lit et qu’on entend. Radios et télévisions reprennent les mêmes informations publiées sur les sites, sans prendre la peine d’en vérifier les contenus ou de changer les analyses. La fausse information n’est pas écrite seulement, mais elle est répétée sur les ondes comme s’il s’agissait d’un fait. Elle est à la base d’analyses aussi erronées les unes que les autres.
Il est temps de se reprendre. 

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