Certes la visite du nouveau commandant des Forces armées américaines pour
l’Afrique (AFRICOM) est un signe qui en dit long sur la place qu’occupe
désormais la Mauritanie sur l’échiquier régional comme pôle de stabilité. Le
général David Rodriguez qui avait invité le chef d’Etat Major général des
Armées de Mauritanie à assister à sa prise de service, a estimé que cette
visite «sera bénéfique» en terme de
coopération. Au sortir de sa rencontre avec le Premier ministre, maître des
lieux en l’absence du Président se trouvant actuellement en France, le
commandant en chef de AFRICOM a déclaré : «Ce fut un plaisir de rencontrer le Premier
ministre, Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf au cours de mon premier voyage en
Mauritanie, en tant que nouveau commandant du commandement des Etas Unis en
Afrique.
J'espère que cette visite sera bénéfique pour les relations entre les Etats unis et la Mauritanie et marquera une période de plus grande coopération entre nos deux pays en appuyant nos intérêts communs pour un avenir meilleur et plus prospère pour nos deux peuples».
J'espère que cette visite sera bénéfique pour les relations entre les Etats unis et la Mauritanie et marquera une période de plus grande coopération entre nos deux pays en appuyant nos intérêts communs pour un avenir meilleur et plus prospère pour nos deux peuples».
L’intérêt affiché pour la Mauritanie résulte des
résultats probants de l’approche entamée il y a quelques trois ans pour faire
face au terrorisme qui menaçait à partir du Mali. Cette approche a débuté par
la réhabilitation des moyens de défense et de renseignements.
Des unités spéciales ont été mises sur pieds. Les
particularités de ces unités, c’est qu’elles sont une réplique de celles
combattantes terroristes : la légèreté, la souplesse, l’autonomie et la
force de frappe. Ces unités sont soutenues par des bases solides et toujours prêtes à
intervenir.
Le Nord malien fut, à partir de juillet 2010, un
terrain où la nouvelle force de frappe mauritanienne a pu s’exercer avec
succès. Premières conséquences : la peur a changé de camp depuis que les
Mauritaniens ont fait la preuve de leur capacité de frapper là où il faut et
quand ils le veulent ; de sérieux coups ont été assénés aux groupes
terroristes, les affaiblissants d’avantage ; ces groupes ont été chassés
de la zone frontalière d’où ils constituaient une sérieuse menace (Wagadu où
ils voulaient établir une base, Taoudenni d’où ils frappaient déjà…)…
Si bien que quand arrivent les événements du
Mali, ces groupes s’étaient retranchés le plus loin de nos frontières, un peu
s’ils voulaient éviter d’être à la portée des forces mauritaniennes. On a vu
que pendant la guerre lancée par les Français, ces groupes ont évité, dans leur
fuite, de se diriger vers la frontière mauritanienne. Aujourd’hui, ils sont de
l’autre côté.
Parallèlement et pour stopper le flux des
recrutements, le gouvernement mauritanien avait supervisé un dialogue fructueux
entre de grandes figures de l’Exégèse musulmane et les jeunes perdus pour
permettre leur repentance. Ce qui fut obtenu pour nombre d’entre eux. Parmi
ceux qui ont été libérés à la suite de cette action, un seul serait revenu sur
le terrain des combats.
Si l’effondrement de l’Etat malien n’a pas eu les
conséquences qu’il aurait dû avoir pour notre pays, et si aujourd’hui la
Mauritanie est courtisée par les puissances engagées dans la lutte contre le
terrorisme, c’est bien parce que tous lui reconnaissent la justesse de son
approche.
Mais ce n’est pour cela qu’il faille oublier la
fragilité du pays et son incapacité à s’engager dans un conflit militaire
quelconque. La Mauritanie a été construite sur une vocation de paix et de
mesure dans les approches. Nous n’avons pas vocation à faire la guerre.
Il est vrai cependant que la Mauritanie ne peut
se permettre de continuer à jouer le rôle du spectateur passif de la scène
nord-malienne. Il s’agit non seulement d’un espace vital pour elle, mais d’une
partie du territoire d’un pays avec lequel nous partageons beaucoup. Ce serait
une défection morale que nous devrons payer un jour.
Il s’agit donc pour les autorités de trouver le
point d’équilibre entre cette contrainte et cette nécessité : éviter de
mettre à l’épreuve un système de défense encore jeune tout en refusant la mise
à l’écart dans la reconstruction d’une zone dont le devenir est nécessairement
le nôtre.
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