Tôt
ce matin, des centaines voire des milliers de travailleurs appelés ici «Journaliers» manifestent dans les rues
de Zouératt, la capitale minière du Nord. Ils suivent en cela l’exemple de
leurs collègues de Nouadhibou qui ont fait grève et engagé des pourparlers
aboutissant à un accord avec le patronat.
Deux
différences cependant avec l’exemple de Nouadhibou : la première est que
la grève de Nouadhibou a été déclenchée dans les règles de l’art avec l’encadrement
des centrales syndicales alors que celle de Zouératt a été dénoncée par ces
mêmes centrales ; la deuxième différence qui en découle nécessairement, c’est
qu’à Nouadhibou aucun acte de violence n’a été enregistré alors qu’à Zouératt
nous allons assister à une casse pure et simple.
C’est
ainsi que les travailleurs excités vont s’attaquer aux bureaux du Wali et à
ceux de la radio régionale, saccageant et brûlant même tout sur leur passage. Avec
une violence inédite dans le pays.
Même
s’il est à noter que le même instinct de violence a conduit quelques
transporteurs d’Aïoun à manifester violemment aussi dimanche dernier. Ils ont
brûlé des pneus devant la Wilaya, attaqué la devanture de la BMCI, cassé des
portes d’entrée. A noter aussi l’agression barbare dont a été victime le Préfet
(Hakem) de Ryad il y a près d’une semaine. Tous ces actes de vandalisme sont l’expression
d’un manque de conscience chez leurs auteurs qui ne semblent plus avoir de
respect pour l’administration et pour l’autorité en général.
Pour
revenir à Zouératt, il est utile de signaler que le principal animateur de ce
mouvement de protestation n’est pas un «journalier»
mais un contremaître de la SNIM. Que d’après les informations données par les
connaisseurs, il s’agit d’un activiste politique qui a appartenu à l’UPR avant
de le quitter pour El Wiam de Boydiel Ould Hoummoid. Et quand cette
appartenance aux deux partis a tardé «à
donner un résultat», il a réussi à avoir trois récépissés pour trois
syndicats locaux (manutention, gardiennage et infrastructures). Dans l’esprit
de l’administration, il s’agissait de déstabiliser les centrales syndicales les
mieux implantées dans le Nord (CGTM et CLTM). Dans l’esprit de l’activiste en
question, il s’agissait plutôt d’avoir des leviers à utiliser quand il faudra
faire pression. Avec lui, semble naître «l’intermédiation
syndicale».
Sous
prétexte de revendiquer une gratification accordée aux employés de la SNIM, les
Journaliers se mettent en grève pour une journée. Pas tous cependant parce que
tous ceux parmi eux qui sont restés loyaux vis-à-vis des syndicats ne sont pas
allés en grève.
Mauvaise
réaction des patrons quand les grévistes ont voulu regagner leurs postes de
travail : pas question pour eux de laisser les grévistes reprendre comme
si de rien n’était. La goutte qui a fait déborder le vase.
Mardi,
très tôt, ils se mettent en branle. La veille, il y avait eu une réunion autour
de la validation du programme de développement de la région. La rencontre était
animée par deux ministres, celui de l’intérieur et celui du développement
économique (Mohamed Ould Boilil et Sidi Ould Taha). Les ministres et le Wali
avaient quitté en fin de nuit la ville pour se rendre à Atar où ils devaient
assister aux travaux de validation du cadre stratégique de la lutte contre la
pauvreté. En laissant derrière eux une ville en ébullition et une situation
explosive qu’ils n’avaient pas vu venir. Pourtant les déplacements de ministres
à l’intérieur sont supposés servir (seulement) à prendre le pouls des
situations locales. Il faut en déduire que les ministres n’ont pas pris cette
peine-là.
Quand
les violences éclatent, aucun des responsables restés sur place n’a la capacité
de donner les ordres qu’il faut. Quand le chef est absent, rien ne peut être
fait. C’est ce qui explique aussi les violences à Aïoun où le Wali titulaire
était absent.
A
croire aussi que le dispositif de sécurité présent à Zouératt est insuffisant. Il
a fallu l’intervention de l’Armée pour rétablir l’ordre. Un accord a été
finalement trouvé dans la journée. Après le retour en catastrophe du Wali et du
ministre de l’intérieur qui est revenu par hélicoptère.
Toutes
ces dérives violentes sont une mise en garde pour tout le monde. Pour les
autorités qui doivent comprendre que la marmite bout. Pour les acteurs qui
doivent savoir qu’il y a des limites à tout. Pour les militants et défenseurs
des libertés publiques qui ont à sensibiliser autour de l’exercice des
libertés.
Quelqu’un
me racontait que feu Mohamed Abdallahi Ould Hacen – un (très) grand quelqu’un
de par-là – avait fait face à un mouvement de colère des étudiants alors qu’il
était ambassadeur à Dakar. Dans leur colère, les étudiants avaient brisé les
vitres de l’ambassade et cassé une ou deux portes. Quand il a fallu discuter
avec eux pour les ramener à la raison et trouver un accord, il conclut devant
eux «…Le problème maintenant, c’est que
tout ce qu’on va mobiliser de moyens doit d’abord servir à remplacer ce qui a
été détruit et à réparer ce qui a été abîmé». Ce que détruisent des manifestants
excités, c’est finalement la communauté qui va en supporter la réhabilitation. Ce
n’est pas bien. Surtout que dans le cas d’espèce, personne ne semble payer pour
les dérives. Aucune poursuite n’a été décidée…
Malheureusement vous êtes foutu depuis Atar vous êtes rentre dans les jalons du General Aziz
RépondreSupprimerAu lieu de responsabiliser l’administration de ses mensonges vous responsabilisez ces pauvres journaliers qui ont toujours souffert et qui souffrent plus depuis que l’arrivée de AZIZ qui a dit promis à tous l’interdiction du tâcheronnat .vous n’avez pas honte de ces pauvres gens qui on revendique depuis toujours leurs droit dans le calme et la responsabilité .et pourtant ce que l’état viens de leurs donner en 24 heures c’est qu’ils réclament depuis bientôt trois ans . Qu’est ce qui a changé seulement que le pouvoir a vu ses intérêts menace.