La Caisse des dépôts et de développement (CDD) est entrain d’absorber
le fameux crédit agricole qui est en fait une mutuelle d’opérateurs, donc une
banque privée. Les autorités semblent avoir décidé de finir avec la «banque
agricole» tant décriée par le passé.
Un portefeuille de près de 7 milliards, un endettement des
coopératives agricoles mais aussi et surtout des opérateurs privés qui ont vécu
à ses dépens. Il est le fruit de la fusion de la coopérative de crédit et d’épargne
du haut-fleuve (CACEHF du Gorgol et Brakna) et de la coopérative de crédit et d’épargne
du Trarza (CACET basée à Rosso). Cette fusion a donné l’union des coopératives
de crédit et d’épargne de Mauritanie (UNCACEM) autrement appelé «crédit
agricole». Une banque qui appartient à des privés et qui avait vocation de
mobiliser des financements au profit du secteur agricole. Une banque dont la
faillite a été évitée grâce aux multiples interventions de l’Etat.
Sans en discuter avec les propriétaires et sans en prévenir les
conséquences, les autorités semblent vouloir faire basse sur cette banque. En effet,
après avoir déclaré son ambition de couvrir tous les secteurs de la vie, la CDD
este en train de faire basse sur le patrimoine de l’UNCACEM. Elle est encore à
la phase du débauchage du personnel qu’elle recrute.
Dans le milieu, on est furieux. D’abord parce qu’on estime que si l’on
a décidé de liquider le crédit, il fallait en discuter avec les sociétaires et
les clients. Pour savoir pourquoi et comment cela va se faire. Comment surtout et
par qui sera géré le portefeuille. Ensuite, de nombreux opérateurs pensent que
s’il s’agit d’une nouvelle structure, «il fallait éviter de la laisser
trainer les handicaps – du reste innombrables – du crédit. En recrutant parmi
le personnel, surtout les anciens responsables de la coopérative, il y a des
risques de voir reproduire les mêmes réflexes qui sont devenus des habitudes».
Pour l’observateur – averti ou non – le risque est réel. On ne voit
même pas comment la CDD pourrait éviter d’adopter les mauvaises pratiques.
En plus, il faut certainement penser à la
dimension de l’agriculture qui ne peut se suffire de l’ouverture d’un simple guichet
par la CDD. L’option stratégique de l’autosuffisance alimentaire, de la
diversification voire de l’exportation. C’est un secteur trop important pour ne
compter que comme l’un des secteurs d’activité d’un organisme, fut-il la CDD. L’expérience
de l’Union des banques de développement (UBD) doit être réévaluée. Pour l’éviter.
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