On
a beau croire que nous sommes les meilleurs, dédaigner les autres, voire les
mépriser pour ce qu’ils sont et nous installer dans un complexe définitif de
supériorité. Nous sommes rattrapés par les faits. Par les leçons qu’ils nous
donnent quotidiennement, nous apprenons que nous avons encore du chemin à faire
sur le plan de l’égalité, de la justice et surtout, surtout du respect des
valeurs humaines les plus nobles.
Quand
un ministre de la République a menti, c’est bien la déchéance qui l’attend.
C’est le sort de Jérôme Cahuzac, ce ministre français qui est passé du statut
d’élu de l’Assemblée nationale, de personnalité centrale dans le système
Hollande, le nouveau dispositif socialiste, à celui du banni, du honteux qui
fait l’unanimité dans la dénonciation de son mensonge.
Quand
une citoyenne guinéenne a menti sur sa vie à son entrée aux Etats Unis, tout
s’écroule autour d’elle. Et de victime elle se transforme en suspecte.
Quand
le Grand Rabbin de France est pris en flagrant délit de mensonge et de plagiat,
il est obligé de baisser la tête et de s’excuser piteusement…
Là-bas,
le fait de mentir est encore un crime punissable de mise en quarantaine, une
trahison impardonnable, la honte absolue… Ici, le mensonge est une industrie
qui rapporte «normalement». C’est une valeur que notre monde politique
et médiatique cultive et pratique sans vergogne.
Mediapart,
ce média indépendant atypique, ne pouvait pas se permettre de publier les
révélations sur le compte en banque qu’aurait détenu le ministre Cahuzac s’il n’avait
pas les preuves irréfutables, ou comme on dit dans le jargon des enquêteurs s’il
n’y avait pas là «des indices graves et concordants». C’est ce qui donne
une crédibilité à ce média et à bien d’autres ailleurs. Ils ne font pas la
course pour savoir qui le premier va répercuter une rumeur qu’il n’aura pas
vérifiée. Ils n’attendent pas tranquillement dans leurs rédactions pour se voir
servir un «dossier» par un manipulateur quelconque. Pour ensuite publier
ces dossiers sans les avoir disséqués, sans avoir touché tous les protagonistes
dans l’affaire… Nous avons, nous autres journalistes, abandonné, et depuis
quelque temps, l’exigence d’exactitude, d’équité et de pluralité. On balance
tout ce qui nous passe sous la main. Sans gêne. Notre élite nous demande de lui
servir la rumeur et le faux comme réalité, nous le faisons. Sans même essayer
de donner une crédibilité à ce que nous servons comme informations. D’ailleurs
la crédibilité ne fait pas partie des critères de performance pour notre
opinion publique. La demande de mensonge, au moins de l’approximation, est plus
forte que celle de la vérité et de la précision.
Le
monde politique ailleurs est tenu à un minimum de rigueur dans ses faits et
actes. Dans sa parole aussi. Chacun est comptable de ce qu’il dit et en répond.
Ici, nous pouvons dire n’importe quoi et son contraire : nos paroles ne
portent pas à conséquence. C’est ce que nous pensons du moins. Les mots, tant
qu’ils ne nous touchent pas directement, importent peu. Tout comme les
informations que nous diffusons les uns concernant les autres.
Dans
ce jeu quelque peu pervers, se perd la vérité. Une ère d’épanouissement de la
contrevérité, du mensonge s’ouvre pour ne plus se refermer. Ne nous étonnons
point si tout ce qui est entrepris n’a pas participé à la déstabilisation de
Ould Abdel Aziz, mais tirons la conclusion que rien ne peut être vraiment
construit autour du mensonge.
Nous
avons besoin de réhabiliter la vérité, de redonner au fait sa sacralité, de
nous armer de valeurs humaines universellement respectées et qui sont
finalement celles de notre sainte religion, l’Islam. Mais qui en respecte les
préceptes ?
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