Des exactions, il y en a eu depuis la reconquête du Nord Mali par
les forces françaises avec lesquelles ce qui reste de l’Armée malienne joue le
rôle de supplétifs. Un peu les tirailleurs de la conquête coloniale, connus
pour leur cruauté envers les populations des contrées conquises. Sauf qu’ici,
les militaires maliens ne doivent pas oublier qu’il s’agit de leurs
populations, de leur pays, de sa cohésion, de sa survie…
Des Touaregs, des Arabes, des Songhaïs, des Peulhs… aujourd’hui,
hier… à Tombouctou, Gao, Konna, Djiabali… toujours le même scénario : les
Français attaquent, les groupes armés s’enfuient, les éléments de l’Armée
malienne entrent pour donner l’impression qu’il s’agit bien d’une opération de
reconquête totalement réalisée par elle, et puis… des hommes disparaissent, d’autres
sont exécutés, d’autres molestés et dépossédés de leurs biens… Les Français
regardent ailleurs. Ils refusent de laisser passer des images de cette guerre
qui commence d’ailleurs à déranger par l’absence d’images…
Combien de temps pour panser les plaies ? combien de temps
pour oublier ? Après les survivants de la rébellion des années 60, ceux
qui se sont révoltés dans les années 90 pour venger les massacres des années
noires, et ceux qui les ont suivi sous prétexte de vouloir venger les exactions
des années 90, après tous ces épisodes, qu’est-ce qui garantira que de
nouvelles générations d’orphelins, de survivants à l’inquisition d’aujourd’hui,
ne se rebellent pas dans dix, vingt ans ?
La France est moralement responsable de tout ce
qui peut advenir – et qui advient déjà – aux populations du Nord malien, aux
Mauritaniens qui sont pris pour cible pour le seul motif de ressembler à ces
populations. Et avec elle l’Union Européenne et toute la communauté internationale
dont elle voudrait incarner la volonté.
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