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vendredi 4 mai 2012

Mon Dieu, ayez pitié de nous !


Au moment où cette affaire d’autodafé de livres références du Malékisme passionne et occupe, nous perdons Cheikh El Haj Abdoul Aziz Sy, l’un de nos plus illustres Imams, l’un des plus probes, des plus proches de nous…
Il suffisait de voir la cérémonie de levée du corps pour comprendre combien ses compatriotes étaient attachés à cet homme qui avait su rester au niveau supérieur que lui confère sa stature de ‘Alem, un savant des sciences religieuses musulmanes. Des milliers de Mauritaniens sont venus, parfois à pieds et de loin, pour assister à la prière du mort organisée mercredi soir dans la mosquée des Prédicateurs (masjid eddou’aat) de Ryad.
De toutes couleurs, de tous âges, de tous sexes, de tous niveaux. Quelque chose qui donne le baume au cœur, qui rappelle que la Mauritanie reste ce qu’elle a toujours été : une terre de convergence, de solidarité, de communion… Malgré la cacophonie produite par les plus agités d’entre nous…
Avec le départ d’El Haj Abdoul Aziz, nous perdons l’une de nos personnes-ressources, ces personnes qui deviennent de plus en plus rares. On célébrait ces jours-ci le triste anniversaire du départ de Lemrabitt Mohamed Salem Ould Addoud, de Limam Boudah Ould Bouçeyri… On prenait peur pour l’état de santé de Lemrabitt El Haj Ould Vahfou… on s’inquiète encore pour quelques autres qu’on compte sur les doigts, ceux de nos Ulémas qui ont su garder la prestance qui sied. Ceux parmi eux qui ont su s’imposer à nous par leurs savoirs, leur exemplarité, leur piété, leur détachement par rapport à nos querelles parfois mesquines, au moins (bassement) humaines…
Des Abdoul Aziz Sy, Ould Addoud, Ould Bouçeyri… il ne nous en reste pas beaucoup. Finit le temps où le pays regorgeait de grands savants respectés pour ce qu’ils ont, pour ce qu’ils sont. Ce temps où leur baraka nous accompagnait et nous préservait de tant d’écueils.
Nous sommes arrivés à un moment où ce sont les réservoirs présumés de sagesse qui appellent à la sédition et souhaitent le désordre. Où ces présumés Sages manifestent une fougue incontrôlée et poussent vers l’extrême. Où ces présumés Sages se mêlent à nos querelles, prenant parti pour les uns contre les autres. Où ces présumés sages pardonnent la destruction d’une partie de nos fondements religieux et moraux, l’expliquent et la justifient. Où ces présumés Sages expriment trop d’intransigeance vis-à-vis de nos faiblesses, sommes toutes humaines…
Dieu, ayez pitié de nous. Faites que cette terre et ses habitants soient préservés de toutes les dérives vers lesquelles «on» nous pousse inconsidérément. Que la bénédiction de ces êtres qui T’ont servi sans calculs et sans fracas, et qui sont par la force de leur foi des êtres hors du commun, que leur bénédiction nous accompagne encore et encore.