Ce
qui devait arriver arriva : les militaires de Kati ont mis fin à la
mission de Modibo Diarra, l’astrophysicien devenu Premier ministre d’un Mali
éclaté. Rien ne le préparait à jouer un rôle pareil en de pareilles
circonstances. Homme de science, il a plusieurs fois aspiré à être candidat à
la présidentielle malienne, sans trouver de sponsor. Même à la dernière
présidentielle il avait essayé de trouver des soutiens, cherchant à passer
comme mentor du Président sortant à défaut d’autre chose.
La
faillite de l’Etat malien allait empêcher la tenue d’élections. Le Nord fit
sécession et le gouvernement de Amadou Toumané Touré s’effondra à la suite d’une
mutinerie anodine dirigée finalement par un capitaine dont l’inspiration
essentielle est le refus de la guerre. Les mutins ont pris le pouvoir sans
l’avoir cherché. Aucun général, aucune unité (à part quelques bérets rouges)
n’a élevé la moindre résistance face à la déferlante des mutins. Mais le Mali,
par la faute d’une gestion catastrophique d’un Président qui a sacrifié son
pays pour satisfaire sa soif de pouvoir et la faim d’un entourage de plus en
plus corrompu et de plus en plus impliqué dans les trafics. ATT a trouvé dans
«la recherche du consensus» une manière d’entamer une fuite en avant
continuelle. Cela a commencé par le gouverne dit «d’union nationale» qui a eu
comme conséquence première l’absence d’un contrepouvoir à même de balancer pour
imposer un équilibre dans la gestion des affaires publiques. C’est certainement
ce qui a tué la démocratie malienne qui a été pourtant le modèle le plus
accompli dans notre sous-région.
Le
syndrome malien dont l’origine est à chercher dans la mise en place de ce
gouvernement d’union, s’est caractérisé aussi par l’appauvrissement du débat et
de la scène politique malienne. Ce n’est pas par hasard que le Mali a dû se
tourner vers l’extérieur pour trouver les solutions de ses problèmes. Pour
souligner le côté dramatique de la situation actuelle, il est à remarquer que
toutes les ébauches de solutions viennent de l’extérieur.
Modibo
Diarra devient Premier ministre d’un gouvernement concocté à Ouagadougou, sous
l’égide du médiateur de la CEDEAO qui n’est autre que Blaise Compaoré président
du Burkina très intéressé. L’astrophysicien a accepté de diriger ce
gouvernement à un moment de profonds déchirements dont les solutions demandaient
l’expertise d’un homme politique d’expérience avec un fort ancrage social
local. Ce que Modibo Diarra n’avait pas.
Il
a accepté donc de diriger ce gouvernement qui n’avait aucune emprise sur la
réalité. Une hydre à trois têtes : le Président intérimaire Dioncounda
Traoré, le Premier ministre Modibo Diarra et le capitaine Sanogo. Naturellement
les clivages allaient s’approfondir. Le Premier ministre pousse vers la mise en
œuvre de l’agenda extérieur. Le capitaine n’entend pas envoyer la troupe sur le
front. Le Président est quant à lui incapable de jouer franc-jeu.
L’astrophysicien accepta d’être un partenaire dans la
mise en œuvre d’un processus qu’il ne maitrisait. Il en récolte le fruit. Sa
carrière politique, si elle a commencé un jour, s’arrête nettement après avoir
été obligé par le capitaine Sanogo à démissionner. Une nouvelle page s’ouvre
pour le Mali…
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