On
a beaucoup parlé ces derniers jours de la mort d’enfants après avoir été
vaccinés. Jusqu’à présent, aucun responsable n’a été inquiété et l’on semble s’acheminer
vers la thèse de l’allergie. Ce n’est pas au ministère que doit être confiée la
mission d’enquêter là-dessus, parce qu’il pourrait s’agir de la qualité des
médicaments et/ou de l’irresponsabilité des intervenants. Tout pour engager la
responsabilité du ministère. Une enquête sérieuse doit être diligentée au plus
vite et des têtes doivent obligatoirement tomber…
Les
maux du pays, ceux des plus pernicieux, nous viennent de l’impunité. Et ce n’est
pas d’aujourd’hui. Depuis les années 80, les erreurs et les incompétences,
parfois le zèle excessif des fonctionnaires ont conduit à des situations où le
pouvoir politique s’est cru obligé de couvrir les crimes les plus odieux.
Quand
en 1989 ou en 1990, des Walis zélés, poussés notamment par la soif d’accumuler
quelques richesses violemment arrachées aux Peulhs nomades et/ou agriculteurs,
quand des officiers ont donné l’ordre d’assassiner, de torturer, d’écarteler
certains de leurs compagnons d’armes, le pouvoir politique a entériné et béni l’acte
en s’abstenant de frapper les coupables qui avaient, pour la plupart, agi par
eux-mêmes. L’enquête de 1991, sommaire il est vrai, devait permettre de situer
les responsabilités et de punir les auteurs des exactions. Il n’y aurait pas eu
de «passif humanitaire» (à ce niveau du moins) et aucun Mauritanien ne serait
tenté de croire à un «racisme d’Etat». L’image du pays aurait été meilleure
pour le bien de tous.
Même
si au lendemain du coup d’Etat de 2005, le chef de la transition avait accepté
d’apurer les «séquelles» des années sombres en ouvrant le dossier et en amenant
tous les acteurs à en discuter ouvertement, on aurait pu dépasser facilement
les douleurs et les fractures du passé. Mais la transition de l’époque, sous
prétexte «d’avoir autre chose à faire», n’a pas voulu ouvrir les dossiers de
fond. Manque de courage ou refus de remuer le sol ?
La
poursuite des responsables – administrateurs dans l’expropriation et l’expulsion
des populations, éléments des forces de l’ordre dans les exécutions et la
torture – aurait permis de comprendre ce qui s’est passé, de situer les
responsabilités et d’éviter pour la Mauritanie tout risque de voir les plaies
se rouvrir.
Rien de tout ça. Nous sommes dans un pays où la
culture de l’impunité est une valeur sociale. On vous rappelle toujours que «celui
qui va enterrer ne déterre pas», que «Dieu pardonne le passé», que «la
misère des uns réside dans le ressassement continuel du passé»… Personne
ici ne s’attend à répondre de ses actes. Personne ne semble comptable de ce qu’il
dit ou fait. Alors on se permet tout…
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