Les
étrangers arrivent difficilement à comprendre qu’un président de la République
soit blessé par une unité quelconque dans les conditions qui sont celles qui
pèsent sur le Sahel en général et sur le pays en particulier. Ils ne peuvent
pas concevoir que le Président de la République refuse de s’incliner devant les
exigences de sa sécurité. C’est normal qu’ils doutent donc de la version
officielle. Mais nous ?
Nous
savons que le Président Ould Abdel Aziz n’a jamais accepté de se priver de
sorties en solitaire, dans les rues de Nouakchott et dans le désert. C’est,
pour lui, la même chose que quand il s’arrache à ses gardes du corps et qu’il
sort du tracé initialement prévu par le protocole, pour aller se mélanger à la
foule, sans précaution aucune. Sa manière de répondre à l’élan populaire de ses
soutiens, de se confondre avec la foule et de rester en contact avec le citoyen
lambda.
Avec
ce qui est arrivé samedi dernier, le Président va-t-il se résoudre à obéir à sa
sécurité et à respecter les consignes préalablement fixées ? Peut-être. Peut-être
pas.
D’une
part, c’est là une leçon – à moindre frais heureusement – qui sert à comprendre
que, dans les conditions actuelles, le Président de la République est «touchable»,
c’est-à-dire qu’on peut l’atteindre. Vu son statut de Président de la
République d’un pays fragile, a-t-il le droit de s’exposer de la sorte sans
tenir compte des conséquences de ses «sorties» impromptues des tracés
initialement prévus ? C’est la question qu’il doit se poser et dont la
réponse doit lui dicter son comportement futur.
D’autre
part, il s’agit d’un style qui lui va bien et qui rompt avec les déplacements
calculés au millimètre près de ses prédécesseurs qui affichaient une grande
réserve vis-à-vis de la «normalité». Et parce qu’on évoque la «normalité», on
peut dire que le Président Ould Abdel Aziz a toujours voulu être un …président «normal».
Sans le dire comme ça. Mais en restant avec des habitudes qui lui font gagner
quelque proximité, physique et affective, avec les citoyens de son pays. Dans
le temps, parmi les choses qui impressionnaient chez Mokhtar Ould Daddah, c’est
cette «présence parmi nous» qui participe à son adoption par ses concitoyens
qui sont alors naturellement poussés à lui laisser une place dans leurs cœurs.
Entre les deux attitudes, celle qui impose le critère
sécurité et celle qui met en avant celui de la convivialité, il y a un
équilibre à trouver.
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