Dès qu’on remonte de Fam Lekhdheyrat (70
km à l’est de Kiffa), on entre administrativement et géographiquement dans un
espace unique, celui du Hodh. Là où alternent pierre et sable de toutes les
couleurs, s’entrelaçant parfois dans un mouvement éternellement tourné vers les
cieux, comme pour dire qu’il n’y a de salut que de ce côté…
Entre le plateau de l’Affolé (evolle),
les plaines et les bat’has s’offre au regard du voyageur un paysage qui
interpelle tous les sens. Voir les contrastes entre le noir éclatant de la
pierre, le sable brun ou carrément blanc ou rouge, le vert en cette saison d’hivernage
pluvieux… Au loin, les troupeaux de moutons blancs descendre lentement des
hauteurs, comme suspendus au ciel d’un bleu unique et indescriptible… regarder,
humer, sentir… un moment d’euphorie qui peut vous rappeler des moments exquis
qui ont inspiré tant de poètes de cette terre, muse éternelle.
On peut remonter de Tintane vers le
Nord, en allant dans la direction de Tamchekett, marquer un temps d’arrêt dans
la bat’hé de Benmoura, remonter vers El Menvga’ (renommé par le Préisdent Ould
Taya «Rradhi»), pour moi, sans doute le plus beau paysage du pays. Redescendre
sur la route d’Aïoun par le nord, passer à Toumboba-El Makhrougaat-Guelb
Inimish, aller dans le cirque de Oum Kreyye, paresser à l’ombre des palmiers,
se laisser bercer par l’écoulement des eaux de l’Iriji de Oum Kreye, continuer
la descente vers le sud, passer par Boyshish, s’attarder le temps qu’il faut à
Jawv Terenni, prendre le thé aux abords de la tamourt de Gounguel, aller à
Kobenni puis à Gogui pour voir où finit le pays Mauritanie, reprendre la route
du nord en bifurquant de Talli et en faisant la jonction par Oum Lekhcheb vers
la route de l’Espoir, remonter des confins nord de la savane vers le centre du
Sahel, séparé de peu du désert de l’Awkar…
J’ai toujours soutenu que le tourisme
intérieur était plus porteur que celui des étrangers. Quand on sait que les
Mauritaniens ne sont pas regardants sur leurs dépenses quand ils vont en
vacances et qu’ils ne sont pas non plus exigeants, on est en droit de croire qu’il
y a d’énormes opportunités qui ne sont pas encore saisies.
Que demande le Mauritanien ? En
général la sécurité et le service. Il doit sentir que là où il est, il est en
sécurité pour lui et pour ses biens. Pour ce faire les promoteurs du tourisme
doivent faire attention à la moralité de leurs employés. Le Mauritanien adore
aussi se sentir servi, que des gens sont à son service, une attitude «médiévale»
qui est restée enfouie en chacun de nous… Si vous lui assurez ces deux
conditions vous pouvez les facturer selon votre bon plaisir.
Il y a eu de belles
expériences par le passé de promoteurs privés qui ont plus ou moins réussi à
asseoir une économie touristique. Aujourd’hui vous pouvez aller à Aïoun ou à
Kobenni sans avoir le souci de l’hébergement parce qu’il y a des hôtels, des
auberges qui vous proposent des services convenables. Et c’est tant mieux.
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