Il
y a quelques semaines, les Mauritaniens découvraient les termes du nouvel
accord de pêche avec l’Union européenne. Réjouissance légitime quand on sait
que c’est la première fois depuis des décennies que des négociateurs
mauritaniens mènent bien leur mission. La première caractéristique de cette
négociation qui a mis des mois à se conclure étant d’avoir traité d’égal à égal
avec les Européens. Sans les pressions politiques habituelles : ni celles
liées à un dossier de droits de l’Homme, ni interférence des autorités, encore
moins la pression financière (la contrepartie n’a pas été budgétisée pour cette
année, pour montrer que la Mauritanie pouvait s’en passer).
La
Mauritanie y est allée dans les meilleures conditions qu’elle peut avoir. C’est
pourquoi elle a eu les meilleurs avantages qu’elle pouvait espérer. Cela n’a
pas plu à certains pays européens dont l’Espagne. Naturellement. Entre la
situation ante où les opérateurs espagnols avaient la latitude (et la
longitude) dans les eaux mauritaniennes et où ils pouvaient, eux qui sont
subventionnés par les mécanismes de l’UE, concurrencer les artisanaux
mauritaniens qui n’ont d’autres moyens que ceux d’un pays sous-développé. Le produit
débarqué par la flotte espagnole coûtait beaucoup moins cher à ses producteurs
que celui que les Mauritaniens proposaient sur le même marché, celui de Las
Palmas. Nous ne parlons ici que des céphalopodes, parce que c’est visiblement «le
produit qui fâche».
Les
Espagnols dont les syndicats de pêcheurs sont puissants, n’acceptent pas qu’ils
soient privés du céphalopode mauritanien qui est désormais une exclusivité
accordée aux pêcheurs nationaux. Même si l’argument utilisé est celui-là même
avancé par les études européennes qui ont interpellé le gouvernement
mauritanien pour mettre fin à la surexploitation de cette espèce. Depuis quelques
années (10 environ), les autorités européennes, les ONG’s régionales
spécialisées et celles moins spécialisées de chez nous, tous font pression sur
le gouvernement pour diminuer l’effort de pêche sur les céphalopodes. Au terme
du nouvel accord un grand effort a été fait dans ce sens. Et c’est là où il
faut se demander où sont passés ces voix indépendantes qui critiquaient et qui
aujourd’hui font profil bas ? Alors que les Espagnols font le forcing
devant les Institutions européennes pour remettre en cause un accord qui
profite – même si c’est de façon minime – aux populations d’un pays qui essaye
d’avoir le meilleur pris pour ses ressources.
Dans
quelques jours, quelques heures plutôt, le Conseil des ministres (européen)
devra se prononcer sur l’accord, pour l’envoyer devant le Parlement pour
approbation. Nous avons entendu ses détracteurs : ceux qui, comme les
Espagnols, ne veulent pas payer plus pour les ressources qu’ils raflent, et
ceux qui ne veulent pas que la Mauritanie bénéficie plus de ses ressources. Mais
où sont passés les autres ?
Toutes
les organisations de la société civile, les formations politiques et
syndicales, la presse, les leaders d’opinion… bref, tous ceux qui peuvent
parler et défendre la position mauritanienne et qui ne l’ont pas fait ? Où
sont passés les lobbies européens favorable à un marché équitable, à une
meilleure exploitation des ressources par les pays tiers, où sont-ils les
promoteurs du développement durable ?
Oui
la Mauritanie est un pays faible, qui plus est non-européen, mais est-ce
une raison pour l’abandonner face à la toute-puissance des syndicats européens ?
Quelques heures encore pour faire entendre sa voix…
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