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samedi 22 septembre 2012

Lobbying nécessaire


Il y a quelques semaines, les Mauritaniens découvraient les termes du nouvel accord de pêche avec l’Union européenne. Réjouissance légitime quand on sait que c’est la première fois depuis des décennies que des négociateurs mauritaniens mènent bien leur mission. La première caractéristique de cette négociation qui a mis des mois à se conclure étant d’avoir traité d’égal à égal avec les Européens. Sans les pressions politiques habituelles : ni celles liées à un dossier de droits de l’Homme, ni interférence des autorités, encore moins la pression financière (la contrepartie n’a pas été budgétisée pour cette année, pour montrer que la Mauritanie pouvait s’en passer).
La Mauritanie y est allée dans les meilleures conditions qu’elle peut avoir. C’est pourquoi elle a eu les meilleurs avantages qu’elle pouvait espérer. Cela n’a pas plu à certains pays européens dont l’Espagne. Naturellement. Entre la situation ante où les opérateurs espagnols avaient la latitude (et la longitude) dans les eaux mauritaniennes et où ils pouvaient, eux qui sont subventionnés par les mécanismes de l’UE, concurrencer les artisanaux mauritaniens qui n’ont d’autres moyens que ceux d’un pays sous-développé. Le produit débarqué par la flotte espagnole coûtait beaucoup moins cher à ses producteurs que celui que les Mauritaniens proposaient sur le même marché, celui de Las Palmas. Nous ne parlons ici que des céphalopodes, parce que c’est visiblement «le produit qui fâche».
Les Espagnols dont les syndicats de pêcheurs sont puissants, n’acceptent pas qu’ils soient privés du céphalopode mauritanien qui est désormais une exclusivité accordée aux pêcheurs nationaux. Même si l’argument utilisé est celui-là même avancé par les études européennes qui ont interpellé le gouvernement mauritanien pour mettre fin à la surexploitation de cette espèce. Depuis quelques années (10 environ), les autorités européennes, les ONG’s régionales spécialisées et celles moins spécialisées de chez nous, tous font pression sur le gouvernement pour diminuer l’effort de pêche sur les céphalopodes. Au terme du nouvel accord un grand effort a été fait dans ce sens. Et c’est là où il faut se demander où sont passés ces voix indépendantes qui critiquaient et qui aujourd’hui font profil bas ? Alors que les Espagnols font le forcing devant les Institutions européennes pour remettre en cause un accord qui profite – même si c’est de façon minime – aux populations d’un pays qui essaye d’avoir le meilleur pris pour ses ressources.
Dans quelques jours, quelques heures plutôt, le Conseil des ministres (européen) devra se prononcer sur l’accord, pour l’envoyer devant le Parlement pour approbation. Nous avons entendu ses détracteurs : ceux qui, comme les Espagnols, ne veulent pas payer plus pour les ressources qu’ils raflent, et ceux qui ne veulent pas que la Mauritanie bénéficie plus de ses ressources. Mais où sont passés les autres ?
Toutes les organisations de la société civile, les formations politiques et syndicales, la presse, les leaders d’opinion… bref, tous ceux qui peuvent parler et défendre la position mauritanienne et qui ne l’ont pas fait ? Où sont passés les lobbies européens favorable à un marché équitable, à une meilleure exploitation des ressources par les pays tiers, où sont-ils les promoteurs du développement durable ?
Oui la Mauritanie est un pays faible, qui plus est non-européen, mais est-ce une raison pour l’abandonner face à la toute-puissance des syndicats européens ?  
Quelques heures encore pour faire entendre sa voix…

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