La
semaine dernière, l’Amicale des Magistrats, une sorte de syndicat qui sert à un
corps qui ne doit pas s’organiser dans un cadre syndical, cette Amicale a été
reçue par le Président de la République. Mise en place avec le concours du
ministre actuel de la justice, l’Amicale est composée d’éléments bcbg, rien
pour inquiéter ou pour choquer. Rien aussi pour faire la révolution dans le
secteur, même pas la réforme, encore moins le reste…
Les
premières questions des membres du bureau de l’Amicale se rapportaient
naturellement aux traitements : le salaire qui doit être maintenu après
retraite, sinon l’augmentation des traitements et soldes, augmentation des émoluments…
tout ce qui touche aux avantages matériels. Ce à quoi le Président aurait
répondu : «on verra».
Les
autres questions ont été alors abordées. Le Président : «Je n’ai jamais
appelé ni fait appeler un Magistrat pour un problème quelconque. J’ai toujours
voulu et espéré que vous preniez conscience de l’utilité pour vous et pour nous
d’assumer entièrement votre indépendance. Pour moi, le plus grand héritage que
je puisse laisser quand je quitterai le pouvoir, c’est une justice assainie…
aidez-nous en prenant au sérieux vos prérogatives et votre travail…» En substance.
Interloqués
par un tel discours, les Magistrats ont regretté avoir déclaré tant de soutien
en voulant inscrire leur démarche dans un cadre politique. Mais il ne s’agissait
pas d’être surpris. Il fallait être dérangé, interpellé, affecté au sens de l’objection
de conscience…
Les
Magistrats mauritaniens peuvent assumer leur liberté de jugement parce qu’il n’y
a pas d’interférence de l’Exécutif ou du moins d’interférence déclarée. Ils peuvent
juger en leur âme et conscience et c’est ce qui leur est demandé. Qu’ils aient
pitié de ce pays et de sa population, qu’ils craignent le jugement des hommes
et celui, Immanent, de Dieu.
En
2005, nous sommes sortis d’une période dont les effets pèseront longtemps
encore sur le devenir mauritanien. La subordination du judiciaire et du
législatif à l’Exécutif, la détérioration du cadre de formation de l’homme
mauritanien, la corruption de l’Appareil (administratif et judiciaire), la
déliquescence et la clochardisation des fonctionnaires, l’exercice quotidien de
l’arbitraire, la prédation instituée en méthode de gouvernance, la duplicité de
la majeure partie de l’élite et de l’encadrement… 21 ans que cela durait. De quoi
mouler des générations aujourd’hui perdues. Pour eux et pour nous.
Nous mettrons du temps à nous en relever.
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