On devrait s’empresser d’ajouter : «heureusement !», même si… Rien à voir avec le premier débat
entre Mohamed Yahya Ould Horma (UPR) et Lô Gourmo Abdoul (UFP). Cette fois-ci
le face-à-face a opposé Ahmed Ould Lafdal (RFD) et Mohamed Mahmoud Ould Jaafar
(UPR). Toujours les mêmes thèmes : la situation politique avec les
élections en vue, l’économie, le social, la sécurité, la diplomatie… Toujours
de la même manière : le journaliste – notre confrère et ami Yedaly Fall –
qui pose sa question avant de donner alternativement la parole à l’un et l’autre
des intervenants.
Les deux hommes politiques étaient très polémistes. Chacun cherchant la
confrontation, le clash. Le mode d’expression utilisé relevait plutôt du
dialectal traduit. D’ailleurs, à différents moments, les deux hommes furent amenés
chacun à terminer un bout de phrase en Hassaniya. C’est peut-être ici le lieu
de se demander pourquoi ce genre de débat, du reste très intéressant, n’a pas
été fait en Arabe et/ou dans les langues nationales. La portée aurait été plus
grande…
Je retiens que les débatteurs étaient confrontés à l’habitude de la
pratique de parler devant le public. L’un était passionnément opposé, l’autre
passionnément rangé du côté du pouvoir. Si bien qu’on n’a rien senti d’autre
que le rejet mutuel. Avec des pics de mise à mal qui ont viré parfois au
cafouillage.
Un moment fort, c’est celui qui a vu les deux hommes avancer vers l’évocation
de l’héritage de Ould Taya. A une série de questions sur les marchés de gré à
gré et sur les concessions rurales, Ould Jaafar ne trouve pas mieux que de dire
à son interlocuteur que ceux qui ont excellé là-dedans sont aujourd’hui dans le
camp de l’opposition. «Mais vous étiez
ministre avec eux, mieux vaut pour vous de ne pas en parler», lui rétorque
Ould Lafdal avant de relancer sur l’isolement diplomatique de la Mauritanie qui
serait selon lui aujourd’hui coupée de ses ancrages africain et arabe. Décrivant
étrangement une situation que l’on vivait à la veille du 3 août 2005, avec
notamment une relation encombrante avec Israël, la sortie de la CEDEAO et le
froid avec les voisins.
Sur ces questions, Ould Jaafar qui est pourtant secrétaire exécutif aux
affaires politiques de l’UPR, est incapable de répondre. Même pas de rappeler
que pour le cabotage, la société exclue appartenait à un homme d’affaires qu’on
disait proche du régime et que le prix de 14$/tonne a été appliqué à la MTM qui
l’a toujours eu à 22-24$. Que les 450 hectares ayant servi à financer la
construction de l’aéroport ne représentaient pas 5% des concessions rurales
pour lesquelles des titres fonciers ont été donnés en toute illégalité par le
passé. Que les faux chiffres ne doivent pas déranger, surtout pas ceux qui
défendaient le bilan économique et financier de Ould Taya jusqu’au 2 août 2005…
Le problème chez nos élites c’est
toujours le manque de sérieux dans la préparation des sorties publiques. On croit
ici aux vertus de la spontanéité qui demande une sincérité dans les engagements
et une parfaite connaissance des sujets qui pourraient être abordés. En l’absence
de la sincérité et de la maîtrise des sujets, la confrontation tourne
facilement à la vulgarité. Heureusement qu’on n’en est pas arrivé à ce stade ce
soir-là.
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