Les Salafistes libyens sont passé à l’acte : ils ont détruit
des mausolées et profané des tombeaux, exactement comme l’ont fait leurs «frères»
au Mali. L’acte procède de la même logique qui veut s’en prendre avec violence
aux croyances populaires jugées hérétiques. Tout comme ce qui ne relève pas des
textes originels et fondateurs, le Coran et la Tradition du Prophète (Sunna). Le
rapport est à ces textes et rien d’autre. Toutes les exégèses de l’après-Prophète
sont des déviances qu’ils faut combattre y compris en organisant des autodafés
de la production d’une quinzaine de siècles. Comme quoi…
Samedi dernier, des bandes organisées ont utilisé des pelleteuses,
des engins pour démolir le Mausolée de Chaab Al-Dahmani et profaner son tombeau
par la suite. Le tombeau d’un autre saint soufi, le Cheikh Abdessalam Al-Asmar
avait été détruit près de Zinten. Ce mausolée est le plus important de Libye. On
signale un troisième acte contre le tombeau du Cheikh
Ahmed al-Zarrouk, à Miçrata. Tripoli, Zinten et Miçrata… trois lieux où s’est
manifestée cette violence aveugle, produit d’un autre âge où l’obscurantisme
faisait barrage à la liberté, à la création, à la dévotion…
Même s’il procède de la même logique qui a animé ceux
du Mali et qu’il produit le même effet destructeur, il n’a pas entrainé les
mêmes réactions. Ni l’UNESCO, ni les organisations internationales n’ont
exprimé de désarroi devant les évènements de Libye. La relation des faits par
les médias était très mitigée, pour ne pas dire «molle». N’était la démission
du ministre de l’intérieur libyen excédé par les critiques du nouveau
Parlement, peut-être que l’évènement serait passée sous silence ou presque.
C’est que les événements du Mali intervenaient au
moment où les va-t-en-guerre préparaient une intervention militaire, l’occasion
leur a été donnée de diaboliser un peu plus un acte qui, malgré sa dimension
absurde et condamnable, reste une opération de communication pour les
Salafistes qui ont l’occasion ainsi de se présenter comme les promoteurs d’un
Islam «pur» et «saint» et «libéré» des
mauvaises lectures. La mobilisation de l’UNESCO, de l’UNICEF (pour le recrutement
des enfants), Human Right Watch (pour les Droits de l’Homme)… a servi aussi la
communication de ces mouvements…
La mesure prise par les
Salafistes du Mali et de Libye est la même, mais les attitudes vis-à-vis des
actes n’est pas du tout la même.
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