Dans
ce qui se passe au Mali, certains grands leaders de la politique locale
n’hésitent pas à culpabiliser le pouvoir actuel en lui attribuant la
responsabilité entière dans la déconfiture de l’Etat et dans la partition du
territoire. Sincères ou prétextes pour charger un adversaire, ces accusations
méritent réflexion.
Quand
en juillet 2010, l’Armée mauritanienne entreprend sa première action guerrière
contre AQMI en plein territoire malien, l’ensemble de la classe politique, à
quelques exceptions près, approuve à juste titre. En effet, depuis le temps que
cette organisation s’attaque impunément aux intérêts de notre pays, nombreux
ceux qui espéraient – qui attendaient avec impatience – une réaction de la part
de notre Armée. L’union «sacrée» permit un rapprochement entre le pouvoir et
l’opposition, rapprochement qui s’est traduit par une rencontre entre le
Président de la République et le chef de file de l’Opposition démocratique et,
plus tard, par l’acceptation par toutes les parties – ou presque – de la nécessité
d’ouvrir un dialogue politique. Il s’en suivra une proximité entre les symboles
de chacun des camps : l’image du Président de l’Assemblée nationale et du
chef de file de l’Opposition aux côtés du Président de la République dans tous
ses déplacements officiels, cette image est restée jusqu’en décembre 2010. Les
uns et les autres s’étaient entendus sur le principe de préparer une
plate-forme en vue du dialogue dont l’ouverture devait être solennelle. Les
évènements de Tunisie, puis d’Egypte allaient interrompre le processus
d’ouverture, les camps revenant à plus radicales positions… en tout cas pour
certains d’entre eux.
Revenons
à l’action en territoire malien. Le premier revers subi par l’Armée
mauritanienne fut celui de Hassi Sidi en plein territoire malien. Nous savons
aujourd’hui que les Mauritaniens avaient été trahis par des officiels maliens
fortement impliqués dans la préparation d’une attaque préventive contre des
convois d’AQMI qui se regroupaient en vue d’une attaque en Mauritanie. Puis vinrent
les épisodes victorieux (pour la Mauritanie) de Wagadu, la forêt où AQMI
voulait installer une base avancée pour pouvoir lancer ses attaques contre la
Mauritanie de tout près. Malgré les trahisons des officiels maliens dont un
officier du cabinet militaire de ATT (dont la communication avec AQMI avait été
enregistrée et remise au président malien lui-même), l’Armée mauritanienne est
a pu détruire le camp en construction et poursuivre les combattants pour les
éloigner encore plus de nos frontières. C’est à ce moment-là que certains
politiques locaux ont parlé de «guerre par procuration», reprenant les termes
des communiqués de l’organisation terroriste responsable de la mort d’une
quarantaine de Mauritaniens, de l’assassinat et du rapt de plusieurs étrangers
sur le sol national. Pas assez apparemment pour considérer que cette guerre a
été imposée à la Mauritanie.
Quelques
autres attaques et/ou contre-attaques ont permis aux Mauritaniens d’éloigner la
menace et d’instaurer la peur dans le camp ennemi. C’est ainsi que l’Armée
nationale a pu extraire des responsables d’actions en territoire mauritanien
dont certains ont permis la libération d’otages occidentaux. Comme elle a pu
s’attaquer à des convois de l’organisation et à ceux, plus utiles pour elle, du
trafic de drogue qui profitait largement aux populations locales et en faisait
des alliés passifs du crime organisé.
L’action
réussie de l’Armée mauritanienne malgré ses moyens et son expérience toute
nouvelle, cette action a mis à nu le laxisme qui caractérisait l’attitude du
gouvernement ATT. Aux yeux de ses élites militaires et civiles, le pouvoir
malien avait démissionné préférant laisser aux autres la mission de pacifier
une partie de son territoire. Ajouter à cela la corruption, le sentiment
d’exclusion des populations locales, l’interférence officielle dans les réseaux
de trafics et de traite d’otages, la fuite en avant de l’autorité centrale et
son refus de régler les problèmes exacerbés par l’arrivée massive de
combattants rentrant de la Libye, l’allégeance à certaines «puissances»
régionales (Algérie, Burkina…)… Assez pour faire d’une manifestation de
soldats, une mutinerie puis un coup d’Etat.
Le
Mali s’est effondré à cause de la mauvaise gouvernance des problèmes qui le
secouent cycliquement depuis son indépendance, notamment la sédition du Nord.
Il s’est effondré aussi à cause de la carence de sa classe politique qui n’a
pas pu anticiper et accepter d’une part de prendre en charge ces problèmes
(dans la campagne présidentielle qui a précédé les évènements de mars, aucun
candidat n’est allé au Nord), d’autre part de s’éloigner du giron d’un pouvoir
qui dérivait inexorablement (la recherche constante d’un gouvernement d’union
nationale pour partager le gâteau).
Ce pays s’est effondré de lui-même. La Mauritanie
(pouvoir et société) est le premier de ses voisins à regretter cela et à
travailler pour que l’unité territoriale et la stabilité soient retrouvées. Il
en va de notre avenir à tous.
Mr Oumeir
RépondreSupprimerla connivence supposée entre l'ex régime d'ATT et les groupes armés (connivence au quelle d’ailleurs je ne crois pas) ne donne en aucun à la Mauritanie le droit d’interférer dans les affaires internes Maliennes. Le mali est un état souverain et vous savez pertinemment bien que ce n'est pas à la Mauritanie" Roi des putschs et des changements anticonstitutionnelles" de donner des leçons de bonne gouvernance ou de choix geo-politico-militaire au Mali.
- La Mauritanie a avec la benediction du "Diable Sarkozy " armée les rebelles Touaregs ,maintenant que ces derniers ont été Laminés par les groupes islamistes que vont devenir ses armes ? à quoi vont elles servirent ? à aller déstabiliser un autre pays le Niger ? le Burkina Faso ?