En conclusion d’un article que j’écrivais
il y a quelques années sur la perception que nous avions du temps et des
rapports que nous entretenons avec cette «chose», je soutenais que chez nous, la
«conscience (du temps) est faite de négation du progrès (le temps n’avance
pas), de refus du changement (le
temps est la répétition du présent), et d’«annulation»
de l’Histoire (le temps ne permet pas l’accumulation des expériences
humaines)». Parce que nous avons délibérément choisi, en tant que société,
en tant que culture, de nous installer dans «un temps qui n’avance pas» (pour reprendre les termes et l’esprit
de l’article sur la relation Espace-Temps).
Un temps qui «coule pour lui-même».
La conséquence est de nous voir installés dans une attitude passive et attentiste, espérant que les effets d’un «temps qui n’avance pas» mais qui tourne sur lui-même, fasse de nous ce que nous n’avons pas pu faire de nous-mêmes. Mais, malédiction, ces effets nous ramènent constamment sur le tronçon de route que nous croyions avoir dépassé. Le «cours du temps» devient pour nous un renouvellement constant du temps présent. De là découle entre autres, ce caractère fondamental de notre culture, la tendance à ne pas envisager le devenir. Cela se traduit aussi par une négation de l’Histoire.
Pour être plus concret, si vous prenez un discours de Moktar Ould Daddah de 1957, vous serez frappé par son actualité. Si vous reprenez les communiqués, les déclarations des gouvernements d’époques différentes, celles de mouvements aux sources idéologiques opposées, de partis politiques se réclamant ou non progressistes, vous êtes tout aussi frappés par l’absence d’évolution. Plus proches de nous, si vous revisitez les journaux de 1992, 93, 94… vous serez frappés par la similitude des argumentaires développés par les protagonistes politiques pour justifier leur refus de se reconnaitre mutuellement et/ou de participer au jeu politique.
On a l’impression que le jeu consiste à «faire passer le temps», ou à «tuer le temps». Soubassement d’une idéologie, d’une pensée dominante et d’une attitude collective, cette perception freine toute avancée, tout progrès… Elle est à l’origine de tous les mauvais choix économiques (négociations, programmes de développement…), politiques (exclusion des acteurs, culture des particularismes…) et culturels (avortement de toute rénovation, marginalisation de l’intelligence…).
«En l’absence de notion de progrès, de changement et d’Histoire, la dynamique sociale est annihilée. Ne nous étonnons point de voir que l’espace est occupé par les mêmes personnes depuis plus d’un demi-siècle. Que ces personnes n’entendent pas se démettre. Que l’alternance est donc impossible. Nous dirons toujours que la demande sociale de changement n’existe pas parce qu’elle commence par l’exigence de renouvellement des acteurs (alternance), par la rénovation dans les lois du jeu (égalité, équité, transparence) et par la capitalisation effective de nos expériences passées» (article Espace-Temps).
C’est en cherchant un jour, la meilleure définition du concept «temps», que je suis tombé sur l’expression «réponse aporétique». Et la plus belle définition de cette expression est l’illustration suivante : un élève qui demande à son professeur : «Est-ce que la lumière est une onde ou une particule ?» et le professeur qui répond : «Oui».
N’est-ce pas là notre manière à répondre à toutes nos questions ? y compris les plus simples, celles dont les réponses sont les plus évidentes.
Du plus compliqué au plus simple : «Le changement est-il une demande social ou une exigence démagogique de l’élite ?» Réponse : «absolument» ; «Le responsable est-il jugé pour ce qu’il a fait ou pour ce qu’il n’a pas fait ?» Réponse : «Non» ; «Le secteur éducatif est-il une priorité ou un souci secondaire pour les décideurs d’aujourd’hui ?» Réponse : «certainement pas» ; «Le bien-être des populations est-il une préoccupation du pouvoir ou de l’opposition ?» Réponse : «Peut-être»...
La fatigue, la paresse, les pressions, les résistances qui font que tout découle du cours-normal-des-choses, la gestion d’un Etat, d’une société, la gestion de soi dans un environnement qui ne laisse pas de choix… tout cela contribue à tuer les ardeurs les plus fortes. Surtout si l’on y ajoute notre propension – presque naturelle – à vouloir faire croire que «…c’est la même chose… tous les gens se valent… il n’ya rien à faire… toute les situations sont les mêmes… wallah yakoun waahid (par Dieu, c’est la même chose)…»
Je répète, parce que les attitudes autour de moi se répètent. Parce qu’autour de moi on croit se jouer du temps, on croit avoir le temps… Les Sages d’ailleurs disent : «Qui a le temps et attend le temps perd son temps». Et c’est exactement ce que nous faisons, ce que nous vivons sous nos latitudes.
La conséquence est de nous voir installés dans une attitude passive et attentiste, espérant que les effets d’un «temps qui n’avance pas» mais qui tourne sur lui-même, fasse de nous ce que nous n’avons pas pu faire de nous-mêmes. Mais, malédiction, ces effets nous ramènent constamment sur le tronçon de route que nous croyions avoir dépassé. Le «cours du temps» devient pour nous un renouvellement constant du temps présent. De là découle entre autres, ce caractère fondamental de notre culture, la tendance à ne pas envisager le devenir. Cela se traduit aussi par une négation de l’Histoire.
Pour être plus concret, si vous prenez un discours de Moktar Ould Daddah de 1957, vous serez frappé par son actualité. Si vous reprenez les communiqués, les déclarations des gouvernements d’époques différentes, celles de mouvements aux sources idéologiques opposées, de partis politiques se réclamant ou non progressistes, vous êtes tout aussi frappés par l’absence d’évolution. Plus proches de nous, si vous revisitez les journaux de 1992, 93, 94… vous serez frappés par la similitude des argumentaires développés par les protagonistes politiques pour justifier leur refus de se reconnaitre mutuellement et/ou de participer au jeu politique.
On a l’impression que le jeu consiste à «faire passer le temps», ou à «tuer le temps». Soubassement d’une idéologie, d’une pensée dominante et d’une attitude collective, cette perception freine toute avancée, tout progrès… Elle est à l’origine de tous les mauvais choix économiques (négociations, programmes de développement…), politiques (exclusion des acteurs, culture des particularismes…) et culturels (avortement de toute rénovation, marginalisation de l’intelligence…).
«En l’absence de notion de progrès, de changement et d’Histoire, la dynamique sociale est annihilée. Ne nous étonnons point de voir que l’espace est occupé par les mêmes personnes depuis plus d’un demi-siècle. Que ces personnes n’entendent pas se démettre. Que l’alternance est donc impossible. Nous dirons toujours que la demande sociale de changement n’existe pas parce qu’elle commence par l’exigence de renouvellement des acteurs (alternance), par la rénovation dans les lois du jeu (égalité, équité, transparence) et par la capitalisation effective de nos expériences passées» (article Espace-Temps).
C’est en cherchant un jour, la meilleure définition du concept «temps», que je suis tombé sur l’expression «réponse aporétique». Et la plus belle définition de cette expression est l’illustration suivante : un élève qui demande à son professeur : «Est-ce que la lumière est une onde ou une particule ?» et le professeur qui répond : «Oui».
N’est-ce pas là notre manière à répondre à toutes nos questions ? y compris les plus simples, celles dont les réponses sont les plus évidentes.
Du plus compliqué au plus simple : «Le changement est-il une demande social ou une exigence démagogique de l’élite ?» Réponse : «absolument» ; «Le responsable est-il jugé pour ce qu’il a fait ou pour ce qu’il n’a pas fait ?» Réponse : «Non» ; «Le secteur éducatif est-il une priorité ou un souci secondaire pour les décideurs d’aujourd’hui ?» Réponse : «certainement pas» ; «Le bien-être des populations est-il une préoccupation du pouvoir ou de l’opposition ?» Réponse : «Peut-être»...
La fatigue, la paresse, les pressions, les résistances qui font que tout découle du cours-normal-des-choses, la gestion d’un Etat, d’une société, la gestion de soi dans un environnement qui ne laisse pas de choix… tout cela contribue à tuer les ardeurs les plus fortes. Surtout si l’on y ajoute notre propension – presque naturelle – à vouloir faire croire que «…c’est la même chose… tous les gens se valent… il n’ya rien à faire… toute les situations sont les mêmes… wallah yakoun waahid (par Dieu, c’est la même chose)…»
Je répète, parce que les attitudes autour de moi se répètent. Parce qu’autour de moi on croit se jouer du temps, on croit avoir le temps… Les Sages d’ailleurs disent : «Qui a le temps et attend le temps perd son temps». Et c’est exactement ce que nous faisons, ce que nous vivons sous nos latitudes.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire