Le collège électoral est convoqué pour le dimanche 11 mars 2007 et,
en cas de second tour, pour le dimanche 25 mars 2007, en vue de l'élection du
président de la République. Le décret l’annonçant précise que les déclarations
de candidatures "sont déposées dans le délai qui court à partir
de la date de publication du présent décret jusqu'au jeudi 25 janvier 2007 à
minuit". Les candidatures seront validées par le Conseil
Constitutionnel. Nous saurons que sur les 19 candidats déclarés, au moins dix
ont été «encouragés» par le CMJD. Y compris celui qui devait l’emporter. Après un
second tour plein d’enseignements.
Le premier enseignement que les acteurs politiques devaient tirer
de l’élection présidentielle du 11 mars se rapporte à l’échec avéré de la
classe politique traditionnelle. En effet sortent du lot deux hommes qui furent
les plus jeunes ministres de Moktar Ould Daddah au moment où il fut renversé
par le premier coup d’Etat militaire (10 juillet 1978). De 1978 à 2007, la
scène politique n’aura pas produit une figure capable de cristalliser les
espérances des Mauritaniens. C’est d’autant plus grave qu’il s’agit de deux
technocrates qui sont entrés en politique par effraction, du moins sans
vraiment le vouloir.
Le deuxième enseignement, c’est la soif de démocratie au sein de la
population. Jusque-là les politologues parlaient de «demande despotique» plus
forte chez la population que la «demande démocratique». Tandis que le monde
politique affichait un grand mépris pour ce peuple «qui suit le plus fort». Le taux
de participation et le score du candidat officiel au premier tour démentissent
ces croyances.
Le troisième enseignement est celui qui consistait à tirer les
conclusions qui s’imposent : la transition a été une porte ouverte vers un
meilleur qui reste à construire, que ce monde à construire doit se fonder sur
les réalisations de la transition ouverte sur la concertation et la volonté de
transparence, qu’il s’agit là d’un combat de longue halène qu’il va falloir
mener maintenant que c’est possible…
Cela commençait par la valorisation des acquis de la transition et
l’appropriation des avancées qu’elle a permises. Ce ne fut pas le cas.
Même si l’après élection nous a donné la meilleure configuration qu’on
pouvait espérer (un Président d’un âge et d’une expérience qui devaient lui
permettre d’être rassembleur, un Premier ministre dont la jeunesse devait
garantir l’innovation et la rupture avec le passé et deux présidents de
Chambres, Assemblée et Sénat dont la présence à de tels niveaux est en
elle-même une révolution sociale et mentale), même avec cela, le premier souci
des nouvelles autorités et des autres acteurs a été de détruire la transition
et ce qu’elle a permis.
Ce sera le péché originel qui provoquera les
reculs qui suivront.
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