Je retiendrai quelques événements de l’époque. Notamment l’appel au
vote blanc qui a constitué, à mon avis, une étape importante dans la révélation
des vraies intentions de la junte.
Sur le plan politique, deux regroupements se font face : la
Coordination des forces du changement démocratique (CFCD) qui regroupe
APP, RFD, UFP, RC, RD, MDD, HATEM, FLAM/R, PUDS et FP, de l’autre le Mithaq
qui est une reconstitution de l’ancienne Majorité de Ould Taya et qui comprend le
RNI, ALTERNATIVE, PRDR, RDU, UDP, UPSD, UPC, PTUN, UDN, RNDLE, PCD, UNDD, PTG,
PLMD, PAD…
La scène s’enflamme. On parle de plus en plus de «prolongations»
dans la transition. On suggère même la constitution d’un gouvernement d’union
nationale pour assurer le couronnement du processus. On soutient que ce
gouvernement, s’il est mis en place doit avoir assez de prérogatives pour
consolider les réalisations de la transition : transparence de la gestion,
justice, Etat de droit, cadre de concertation… Une manière de faire passer l’idée,
de la faire accepter…
La Tribune du 22/11/2006,
passage d’un article titré «CMJD : la porte de sortie, c’est par où ?» :
«Une dizaine de candidatures déjà déposées. De folles rumeurs sur
l’éventualité d’une prolongation de la période de transition et sur la
possibilité légale pour le colonel Eli Ould Mohamed Val de se présenter. Des
divergences certaines au sein de l’équipe du CMJD. Tout pour faire bouger une
scène plutôt morose. Tout aussi pour inquiéter». Des hommes politiques dont
Khalil Ould Tiyib, premier vice-président de l’APP, et Ahmed Ould Daddah,
président du RFD, sont appelés par le chef d’Etat Major adjoint, le colonel
Ould Cheikh Ould Alem, membre du CMJD, pour s’entendre dire que la seule
solution serait de prolonger la période de transition.
Samedi 27 janvier 2008, le 6ème Congrès des Maires se
tient au Palais des Congrès. Dans une atmosphère particulièrement électrique :
«Le colonel Ould Mohamed Val est-il candidat ?
Est-il intéressé par une rallonge de la transition ? Soutient-il un
candidat particulier ? Autant de questions qui rongent les esprits des
Mauritaniens et qui empoisonnent l’espace public. Les rumeurs les plus folles
se sont emparées du pays tout entier. Le silence des autorités, l’absence
totale de communication, l’incapacité de l’entourage à tenir sa langue… tout a
contribué à exacerber la rumeur» (La Tribune du 29/1/2007).
La neutralité du CMJD en cause : "Beaucoup de choses
ont été dites à ce sujet, certains ont cru que les affaires du pays doivent
s'arrêter jusqu'à ce que la question soit tranchée, d'autres ont parlé de la
question des compétences du Chef de l'Etat, des décisions qu'il prend, des
nominations qu’il fait." La neutralité ne veut nullement dire le
laisser-aller ou l'empêchement de la mission du CMJD et du gouvernement de
transition et qu'il n'y a personne qui puisse dicter ses conditions, s'agissant
de la gestion des affaires du pays. La scène politique, dans ce contexte précis
"a connu plusieurs approches dont certaines ont brandi la menace de ne
pas accepter ce qui est de nature à arrêter le processus démocratique de
transition, s'adressant dans ce sens à l'autorité et se basant sur des rumeurs
sans fondements. D'autres ont, par contre, et sans preuve aussi, avancé l'idée
d'arrêter la période de transition, car s'acheminant vers ce qui ne leur plaît
pas".
Le Colonel Ely Ould Mohamed Val devait dire que ce qui se
pose aujourd’hui, au peuple mauritanien, c'est de choisir un Président de la
République et préciser à cet effet, que certains croient que cela doit se
passer sur la base du calendrier définitif et des candidatures présentes,
tandis que d'autres, se prononcent contre ce calendrier et les candidatures
actuelles. La solution à cette question ne peut pas être envisagée à travers
des ententes illicites avec les parties prenantes et/ou des décisions
arbitraires, mais plutôt, en revenant à la Constitution.
Qu'est ce qu'on peut déduire de la constitution et des lois
organiques pour répondre aux questions qui se posent aux mauritaniens? Ce
que je viens de vous dire, a indiqué le président du CMJD, est
tout simplement la possibilité pour chacun de vous d'exprimer toute son opinion
à travers une élection nationale. Cela veut dire
-précisera-t-il- que la constitution de la République Islamique de
Mauritanie adoptée avec un taux de participation 76% et avec 96% de Oui
et les lois organiques complétant, reprennent les mêmes dispositions et disent
que pour être élu, un président doit avoir au moins, la majorité absolue des
voix exprimées et que les voix exprimées sont celles obtenues par tous les
candidats ainsi que les votes blancs.
Cela veut dire pour lui, que si par le jeu du vote blanc, vous
ne désirez aucune de ces candidatures, ni au premier, ni au deuxième tour, vous
pouvez les refuser par votre vote blanc. Pour être élu, a-t-il dit, le
conseil constitutionnel doit constater que le président a eu la majorité
absolue des votes exprimés ou qu'aucun des candidats n'a obtenu une majorité
absolue. Dans ce cas, cela veut dire que c'est un vote de rejet. Et en
ce moment là, a précisé le chef de l'Etat, le conseil
constitutionnel ne peut constater l'élection d'un président. Si aucune
majorité ne s'est dégagée, dira le président, en faveur d'un candidat, la
conséquence est que le vote est validé, que le calendrier est respecté, que
la constitution est respectée, que toutes les lois organiques de la République
sont respectées et que le peuple mauritanien n'est pas intéressé par ceux qui
se sont présentés devant lui, et demande à ce que d'autres choix se
représentent, plus tard devant lui. En pratique, ajoute le chef de l'Etat,
c'est tout simplement qu'aucun candidat n'a obtenu la majorité absolue et que
personne ne peut être déclaré président de la République et qu'une nouvelle
date pour une élection présidentielle devra être déterminée par le
gouvernement. Et en ce moment là, a-t-il poursuivi, il se créera une situation
juridique nouvelle par rapport à la première. Et les choix seront ouverts pour
les mauritaniens qui auront à choisir plus tard de nouveau.
Ce qui est ressenti comme une tentative de coup
d’Etat sur la transition est vite contesté. D’abord par les membres du CMJD. Le
colonel Ould Abdel Aziz qui est toujours commandant du BASEP menace de «balayer
la présidence». Missions de bons offices et conciliabules politiques qui
aboutissent à une nouvelle déclaration de Ould Mohamed Val qui accepte de
revenir sur ce qu’il a dit et de le renier clairement.
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