On
était très sceptique quand, en 2009, les pouvoirs publics avaient décidé d’alléger
le poids de l’endettement des agriculteurs le passant de 12 milliards environ à
5,7 milliards rééchelonnés avec période de grâce. On était sceptique quand les
pouvoirs publics décidaient d’octroyer des parcelles aux diplômés chômeurs pour
leur permettre de s’insérer dans la vie active. Quand on renvoyait la SONADER
et l’UNCACEM dans les capitales régionales dont elles sont sensées favoriser le
développement. Quand aussi on créait la SNAT entièrement dédiée aux
aménagements… On était sceptique parce que les résultats n’arrivaient pas
immédiatement. Ou parce qu’ils n’étaient pas satisfaisants à 100%. C’est comme
ça : nous sommes toujours prêts à faire le procès pour 20% d’échec, alors
qu’on se tait sur l’échec à 100%.
Pourtant
les surfaces emblavées ont dépassé 25.700 ha pour les deux saisons des
campagnes 2010-2011 et pourraient atteindre 35.000 ha pour les campagnes 2011-2012.
La moyenne des années 90-2000 se situe à 17.320 ha toutes saisons confondues. A
titre d’exemple la contresaison actuelle a permis l’emblavement de 9.679 ha
contre une moyenne qui a été jusque-là de 3000 ha.
Du
coup, la production a augmenté. Pour le paddy, le pays a couvert environ 58% de
ses besoins durant la campagne 2012. Et si au niveau du pluvial, la production
a diminué cette année, c’est bien à cause du déficit pluviométrique important. Déficit
qui explique aussi la baisse des surfaces dédiées à la culture du blé, surfaces
qui sont passées de 2054 ha en 2010 à 1800 ha en 2011. Il est cependant à noter
que 28 variétés de blé ont été cultivées pour en identifier les plus rentables et les
plus adéquates pour notre environnement et qu’un savoir-faire a été développé
en la matière. En attendant, certaines variétés ont atteint des taux de
rendement variant entre 4 et 5 tonnes/ha. L’expérience de la pomme de terre est
elle aussi en bonne voie.
En
2010-2011, le pays a couvert 30% de ses besoins en céréales. Avec la bonne pluviométrie
espérée cette saison et les efforts consentis, on espère mieux et plus. Pour ce
faire, les réhabilitations de périmètres et l’aménagement de nouvelles terres
vont permettre de remettre les populations au travail. A l’horizon 2015, si le
rythme se maintient, on arrivera à disponibiliser 25.000 ha aux franges les
plus démunies des populations. Si l’on y ajoute le programme de réhabilitation
et construction de barrages et de diguettes, on se rend compte que nous
pourrons avoir une révolution verte à notre mesure. 50 barrages et 50 diguettes
refaits ou nouvellement construits dans le cadre du programme réalisé. Le projet
Aftout Echergui en phase de mise en œuvre pour les deux années à venir… c’est
comme ça que la maîtrise de l’eau devient un souci majeur dans la stratégie globale
de développement rural.
Cette
stratégie devrait définir les objectifs sur les 10 prochaines années pour
donner une meilleure visibilité de là où l’on veut aller, de ce que le pays
veut réaliser.
Je suis heureux pour la Mauritanie de lire cette description optimiste des progrès de la culture du riz. La question de l’erreur stratégique de faire du riz en Mauritanie dépasse tout clivage politique. Historiquement, c’est sous le regretté Président Moktar Ould Daddah, que le choix aberrant fût fait. Les « très compétents » administrateurs de « l’époque de toutes les fondations », avaient prévu 135 000 hectares dans les 10 ans. L’article de Mr Oumère nous ravit, 35 ans plus tard, avec ses 25 000 hectares emblavés (ce qui ne veut pas dire récoltés) tant la gabegie (au sens vrai du mot en français) a été grande.
RépondreSupprimerAucun des gouvernants qui ont suivi n’a pensé à la remise à plat du dossier riz irrigué. Avec le temps, les lobbies bénéficiaires ont rendu la question tabou : lobbies tribalo-ethniques des régions de Chamama, du Gorgol et sud Brakna, que Ould Oumère connaît sociologiquement bien, ainsi que les commerçants se faisant spéculateurs en agriculture.
Je serais complètement heureux si l’article disait :
-Le coût réel de production de riz tonne/hectare : subventions publiques incluses pour les aménagements, l’emblavement, la récolte et les traitements post récolte ainsi que les crédits d’exploitation jamais remboursés.
- Si également l’article disait la part d’autofinancement réel des agriculteurs, pour assurer la viabilité de leurs exploitations, indépendamment des subventions officielles et officieuses.
- Combien d’exploitations et de surfaces ont déjà fait la preuve d’une exploitation viable ; dont le marqueur indiscutable est la rentabilité sans subvention.
Ces chiffres, que j’espère positifs, nous éclaireraient sur le bien-fondé pour un pays sahélo- saharien, d’avoir démenti le bon sens qui veut qu’on ne réussit pas une agriculture du riz, même irrigué, économiquement viable, avec moins de 600 mm d’eau de précipitations par an.
SOULEYMANE O SIDIALY