Si l’on en croit nos confrères de «alakhbar.info», la proposition
de Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée, de mettre en place un
gouvernement d’union nationale est en passe d’être refusée par la Coordination
de l’Opposition Démocratique (COD). Le prétexte serait qu’une telle initiative
viserait à «donner un souffle au pouvoir de Ould Abdel Aziz» et de lui
permettre «d’avoir une trêve en vue d’une action militaire dans l’Azawad».
Tout commence par une rencontre entre le président de l’Assemblée
et Ahmed Ould Daddah en sa qualité de chef de file de l’Opposition démocratique
et de président du RFD. Ould Boulkheir aurait alors proposé la constitution d’un
gouvernement national qui aura en charge de «sortir le pays de la crise
politique» (?) et d’organiser les futures élections.
On se rappelle que Ould Boulkheir avait, lors de sa prestation à
TVM, promis d’entreprendre une nouvelle démarche auprès de ses anciens amis de
l’Opposition. Ceux-ci viendraient donc à rétorquer que «les portes du
dialogue sont désormais fermées» (voir alakhbar.info) sauf si Ould Abdel
Aziz accepte de partir. A ce moment-là, l’idée d’un gouvernement d’union
nationale serait la bienvenue.
La première question est de savoir si Ould Boulkheir a été mandaté
par Ould Abdel Aziz ou non, si les deux hommes en ont parlé ou non. Parce que
le problème de toutes les initiatives déclarées jusqu’à présent, c’est qu’elles
se sont manifestées sans avoir pris l’aval des parties en cause. Elles ont paru
plus comme des démarches visant à participer à la lutte de placement sur l’échiquier
politique que comme de sérieuses entreprises de rapprochement des
protagonistes.
La deuxième question, plus fondamentale celle-là, est de savoir en
quoi un gouvernement d’union nationale va-t-il régler les problèmes de la
Mauritanie. Nous avons le syndrome malien : toutes les dérives que la
démocratie malienne a connues lui viennent essentiellement de la constitution d’un
gouvernement d’union nationale et de la recherche permanente et effrénée du
consensus.
En effet le gouvernement d’union tue l’opposition et donc le
contrepouvoir nécessaire à la démocratie. Dans notre cas, il ne fait que
conforter l’idée que chacun des acteurs recherche un poste, une partie du gâteau.
Et le seul gouvernement du genre qu’on a eu, est celui issu des accords de
Dakar et qui a été incapable de nous faire passer le cap d’une élection que des
parties ont voulu considérer nulle et non avenue.
La recherche «effrénée» et continuelle du consensus mène fatalement
la Nation à éviter de poser les problèmes comme ils sont et donc de leur
trouver les solutions les plus radicales. Car tous nos problèmes fondamentaux
demandent des solutions radicales et sans appel. De l’entente politique à l’éducation,
à l’éradication de l’esclavage, à la remise au travail productif… Ce ne sont
pas les «consensus mous» qui vont servir dans un pays où l’urgence est de mise.
Ce qui peut être demandé à Messaoud Ould Boulkheir, c’est plutôt de
travailler en vue de faire de la perspective des échéances électorales futures
une occasion de convergences. Faire en sorte d’amener les uns et les autres à
baisser le ton, à abandonner la vindicte pour un travail politique viable et
possible malgré toutes les divergences affichées. De faire prendre conscience
aux uns et aux autres de leur responsabilité devant l’Histoire.
Si le président de l’Assemblée nationale réussit ce pari, il aura
fait l’essentiel du chemin.
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