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mardi 12 juin 2012

Non, merci !


Si l’on en croit nos confrères de «alakhbar.info», la proposition de Messaoud Ould Boulkheir, président de l’Assemblée, de mettre en place un gouvernement d’union nationale est en passe d’être refusée par la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD). Le prétexte serait qu’une telle initiative viserait à «donner un souffle au pouvoir de Ould Abdel Aziz» et de lui permettre «d’avoir une trêve en vue d’une action militaire dans l’Azawad».
Tout commence par une rencontre entre le président de l’Assemblée et Ahmed Ould Daddah en sa qualité de chef de file de l’Opposition démocratique et de président du RFD. Ould Boulkheir aurait alors proposé la constitution d’un gouvernement national qui aura en charge de «sortir le pays de la crise politique» (?) et d’organiser les futures élections.
On se rappelle que Ould Boulkheir avait, lors de sa prestation à TVM, promis d’entreprendre une nouvelle démarche auprès de ses anciens amis de l’Opposition. Ceux-ci viendraient donc à rétorquer que «les portes du dialogue sont désormais fermées» (voir alakhbar.info) sauf si Ould Abdel Aziz accepte de partir. A ce moment-là, l’idée d’un gouvernement d’union nationale serait la bienvenue.
La première question est de savoir si Ould Boulkheir a été mandaté par Ould Abdel Aziz ou non, si les deux hommes en ont parlé ou non. Parce que le problème de toutes les initiatives déclarées jusqu’à présent, c’est qu’elles se sont manifestées sans avoir pris l’aval des parties en cause. Elles ont paru plus comme des démarches visant à participer à la lutte de placement sur l’échiquier politique que comme de sérieuses entreprises de rapprochement des protagonistes.
La deuxième question, plus fondamentale celle-là, est de savoir en quoi un gouvernement d’union nationale va-t-il régler les problèmes de la Mauritanie. Nous avons le syndrome malien : toutes les dérives que la démocratie malienne a connues lui viennent essentiellement de la constitution d’un gouvernement d’union nationale et de la recherche permanente et effrénée du consensus.
En effet le gouvernement d’union tue l’opposition et donc le contrepouvoir nécessaire à la démocratie. Dans notre cas, il ne fait que conforter l’idée que chacun des acteurs recherche un poste, une partie du gâteau. Et le seul gouvernement du genre qu’on a eu, est celui issu des accords de Dakar et qui a été incapable de nous faire passer le cap d’une élection que des parties ont voulu considérer nulle et non avenue.
La recherche «effrénée» et continuelle du consensus mène fatalement la Nation à éviter de poser les problèmes comme ils sont et donc de leur trouver les solutions les plus radicales. Car tous nos problèmes fondamentaux demandent des solutions radicales et sans appel. De l’entente politique à l’éducation, à l’éradication de l’esclavage, à la remise au travail productif… Ce ne sont pas les «consensus mous» qui vont servir dans un pays où l’urgence est de mise.
Ce qui peut être demandé à Messaoud Ould Boulkheir, c’est plutôt de travailler en vue de faire de la perspective des échéances électorales futures une occasion de convergences. Faire en sorte d’amener les uns et les autres à baisser le ton, à abandonner la vindicte pour un travail politique viable et possible malgré toutes les divergences affichées. De faire prendre conscience aux uns et aux autres de leur responsabilité devant l’Histoire.
Si le président de l’Assemblée nationale réussit ce pari, il aura fait l’essentiel du chemin.

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